Van Hool : la Flandre refuse de subsidier des emplois en Macédoine du Nord
Le constructeur d’autobus et d’autocars Van Hool, en difficultés financières, doit mettre sur la table un plan de restructuration solide et ancré en Flandre, a affirmé le ministre flamand de l’Emploi, Jo Brouns. « Le gouvernement flamand ne subventionnera pas d’emplois en Macédoine du Nord ». Soit là où, l’entreprise envisage d’y délocaliser une partie de sa production.
Un comité d’entreprise extraordinaire spécial aura lieu lundi matin au siège de Van Hool, installé à Koningshooikt, dans la commune de Lierre (province d’Anvers). La direction pourrait annoncer une perte d’emplois parmi les 2.500 postes existants à Lierre et la délocalisation d’une partie de la production vers la Macédoine du Nord. L’objectif serait d’arrêter la production de bus de ville pour se concentrer sur les autocars de tourisme, en vertu d’un plan de sauvetage en cours de finalisation. Le gouvernement flamand a décidé vendredi de désigner un bureau d’études indépendant pour analyser ce plan de restructuration, établi par le “manager de crise” Marc Zwaaneveld. Il attend le résultat de cette analyse avant de décider d’un éventuel soutien à l’entreprise. “Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour rendre possible un redémarrage, mais pas sans condition. Le gouvernement flamand n’est pas un constructeur de bus et nous sommes déjà garants pour 30 millions d’euros”, a souligné dimanche M. Brouns (CD&V) lors de l’émission télévisée De Zevende Dag sur la VRT.
“Il est important qu’un plan fort soit mis sur la table, avec un ancrage solide en Flandre. Nous n’allons pas financer des emplois en Macédoine du Nord. Et il est important que les banques croient fermement en ce plan. Et notre soutien serait temporaire”, a-t-il ajouté. M. Brouns a également souligné que les difficultés de Van Hool ne sont pas seulement le résultat du fait que l’industrie manufacturière est en difficulté partout en Europe, mais qu’elles sont aussi la conséquence de choix stratégiques.
“À un moment donné, ils (la diretion de Van Hool, NDLR) ont opté pour le bus à hydrogène et non pour le bus électrique, ce qui semble actuellement l’emporter”, a affirmé le ministre. Selon lui, le plan de crise de Van Hool doit montrer que la direction a encore confiance en l’avenir. Le ministre-président flamand Jan Jambon a pour sa part affirmé dimanche sur la chaîne régionale anversoise ATV que le fait que l’entreprise publique de transport en commun De Lijn ait commandé 90 bus à l’entreprise chinoise BYD n’a rien à voir avec les problèmes que Van Hool connaît aujourd’hui. “Il existe un contrat-cadre avec la Flandre. S’ils peuvent fournir 300 bus, ils peuvent les livrer. Immédiatement. L’un n’a rien à voir avec l’autre. Nous avons discuté avec le gouvernement vendredi de la manière dont nous pouvons aider Van Hool. Demain, je rencontrerai les banques pour voir ce que nous pouvons faire pour Van Hool”, a conclu M. Jambon (N-VA).
Les autorités ne devraient pas investir dans une entreprise sans garanties (Bertrand)
Les libéraux ne croient pas plus que le gouvernement flamand devrait injecter de l’argent dans le constructeur anversois de bus Van Hool s’il n’y a pas d’investisseurs privés et si les banques ne fournissent pas de crédits à l’entreprise, a déclaré dimanche la secrétaire d’Etat fédérale au Budget, Alexia Bertrand (Open Vld). “Le rôle des autorités est de guider les travailleurs et de ne laisser personne de côté”, a-t-elle ajouté sur le plateau de la chaîne de télévision privée flamande VTM. “C’est toujours une histoire douloureuse lorsqu’une entreprise industrielle se retrouve en difficulté, en premier lieu pour les salariés et les familles.
Mais la question est de savoir si c’est le rôle du gouvernement d’investir l’argent des contribuables si les actionnaires ne veulent pas le faire, si les banques ne le font pas et s’il n’y a pas d’investisseurs extérieurs”, a affirmé dimanche Mme Bertrand. “Je ne le pense pas. Je pense en effet que le rôle du gouvernement et du VDAB (l’office flamand de l’emploi et de la formation professionnelle) est d’orienter les gens et de ne laisser personne de côté”, a-t-elle ajouté. Elle faisait référence à l’organisation patronale flamande Voka, qui a déclaré cette semaine qu’il y avait des centaines de postes vacants dans le secteur automobile dans la région et des milliers de postes vacants dans d’autres secteurs. “C’est le rôle des autorités de donner à ces gens une belle image de l’avenir. Parce que si une entreprise (dans laquelle elles ont investi, NDLR) se retrouve à nouveau en difficulté à moyen terme, alors c’est une situation perdante-perdante pour tout le monde”, a conclu la secrétaire d’Etat.
Le Voka demande lui de ne pas oublier les fournisseurs
Comme un bureau d’étude externe du gouvernement flamand analysera le plan de restructuration, l’organisation patronale flamande Voka demande que l’étude d’impact tienne également compte des fournisseurs. “Nous recevons déjà des signaux de fournisseurs qui vont le sentir”, explique un représentant local du Voka, Tom Laveren. “Même s’il faut d’abord évidemment se concentrer sur les collaborateurs de Van Hool dont certains sont en place depuis une vingtaine d’années.”
Le Voka appelle néanmoins le gouvernement régional à élargir le spectre de son étude d’impact. “Elle doit tenir compte de tous les fournisseurs qui sont nécessaires pour concevoir des bus ou des remorques. Le nombre précis de fournisseurs n’est pas encore établi.” Même si le Voka conserve un espoir de relance chez Van Hool, il plaide pour la mise en place d’une cellule emploi spéciale. “Ces derniers mois dans la région, un demi-millier d’offres d’emploi ont été déposées au VDAB (office flamand de l’emploi, NDLR) pour une place de technicien ou mécanicien.”