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Vaccins: l’inefficacité de l’Etat

Lire la chronique de Thierry Afschrift Professeur ordinaire à l'Université libre de Bruxelles.

La Belgique dispose d’une réputation mondiale en matière de logistique. Mais cette réputation, c’est celle de nos entreprises privées, certainement pas celle de l’Etat…

La distribution des vaccins est sans doute une des rares “causes nationales” qui mériterait de faire l’unanimité. Au lieu de cela, on s’enfonce dans des polémiques stériles tandis que l’organisation est calamiteuse.

Il y a d’abord le cas des “antivaccins”, ceux qui incitent à ne pas y recourir et essayent d’entraver leur distribution. Ils pensent ce qu’ils veulent mais, devant la tragédie d’une épidémie, il est temps de faire confiance à la science et aux entreprises qui, en relativement peu de temps, ont mis au point des procédés qui devraient nous permettre de nous débarrasser de ce virus et des entraves aux libertés que causent les mesures de confinement. Le complotisme contre le “big pharma” ne repose sur rien. Les entreprises pharmaceutiques créent depuis toujours des remèdes et des vaccins et ont contribué plus que quiconque à l’amélioration de notre santé. Cela justifie les bénéfices, certes énormes, qu’elles réalisent. Si elles lancent aujourd’hui la commercialisation de vaccins, c’est qu’elles sont sûres des résultats, parce qu’un échec entraînerait irrémédiablement leur ruine, sous forme de procès et de perte de réputation.

La Belgique dispose d’une réputation mondiale en matière de logistique. Mais cette réputation, c’est celle de nos entreprises privées, certainement pas celle de l’Etat…

De l’autre côté, il y a ceux qui s’obstinent à vouloir rendre le vaccin obligatoire. Quels qu’en soient les bienfaits, c’est à chacun de juger ce qu’il fait de son corps. Que l’on commence donc à vacciner en masse la grande majorité qui le souhaite, ce qui devrait entraîner la plupart des autres à suivre le mouvement. Quant aux irréductibles, qu’on les laisse vivre ou mourir à leur guise…

Distribuer deux doses à toute la population qui accepte d’être vaccinée, c’est certes un défi logistique important, aggravé par les conditions de conservation de certains des produits. Mais là encore, l’inefficacité de nos pouvoirs publics paraît d’emblée évidente. Au 1er janvier, la Belgique avait, dit-on, vacciné 288 personnes. Israël, pays un peu moins peuplé, avait lui dépassé le million! La Région flamande, réputée la moins inefficace, établit lamentablement un plan prévoyant la vaccination exclusivement dans les maisons de repos pour la fin janvier. Au rythme actuel des Israéliens, ils auront vacciné presque tout le monde à ce moment-là …

Pourtant, la Belgique disposed’une réputation mondiale en matière de logistique. Mais cette réputation, c’est celle de nos entreprises privées, certainement pas celle de l’Etat et de ses collectivités territoriales. Au cours de la lamentable crise du Covid-19, on a au contraire pu “apprécier” les dysfonctionnements multiples des pouvoirs publics. Empêcher, pendant des semaines, la distribution des masques et du gel par les pharmaciens a abouti à une pénurie de produits devenus essentiels. Les achats de masques arrivant en retard (ou non conformes) par les pouvoirs publics et les achats de tests non utilisés mais payés sont d’autres exemples d’une gabegie à laquelle on doit hélas s’habituer. Dès que l’Etat a cessé de s’en mêler, le gel et les masques sont devenus accessibles à tous, et leur prix n’a cessé de baisser.

On peut comprendre, dans le type d’Etat que nous connaissons, que l’Etat fixe les règles de répartition, les priorités ou les modalités d’assurance. Mais il n’est pas un logisticien et d’autres assureraient les vaccinations beaucoup mieux que lui. Ce n’est pas le nom du ministre de la Santé qui compte: le désastre est le même lorsque le fonctionnement des pouvoirs publics, dans un système comme le nôtre, n’est pas compatible avec l’efficacité.

Et en l’espèce, chaque jour de retard se paie en vies et sert de prétexte à la prolongation de mesures autoritaires qui sont la cause de drames économiques et d’atteinte aux libertés les plus fondamentales.

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