Une restructuration de la dette grecque pourrait coûter des milliards à la Belgique

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Une nouveau défaut de la Grèce engendrerait des pertes financières pouvant atteindre, dans le pire des cas, jusqu’à 10 milliards d’euros pour la Belgique, selon les calculs d’Eric Dor, professeur d’économie à l’université catholique de Lille.

Près de 10 milliards d’euros. Voilà ce que pourrait coûter un nouveau défaut à 100 % de la Grèce aux contribuables belges, selon notre compatriote Eric Dor, professeur d’économie à l’IESEG School of Management (Paris et Lille). Selon ses calculs, la Belgique est exposée à hauteur de 7,223 milliards d’euros pour les plans de secours (prêts octroyés par l’Etat belge à Athènes et garanties accordées au Fonds européen de stabilité financière).

A cela s’ajoute la part implicite de la Belgique dans les dettes d’Athènes vis-à-vis de la Banque centrale européenne (BCE), soit quelque 2,2 milliards d’euros correspondant à 1,5 milliards de créances via le système de paiement transfrontalier et 0,7 milliard d’obligations publiques grecques détenues par la gardienne de l’euro (dont les différentes banques centrales nationales comme la Banque nationale sont actionnaires).

Lourde ardoise

Au total, l’ardoise se monte donc à 9,5 milliards d’euros. Ce qui est “loin d’être négligeable”, observe Eric Dor. Même si, dit-il, “la Belgique est moins exposée que d’autres pays européens comme l’Allemagne (72 milliards) et la France (55 milliards), qui sont les deux principaux créanciers d’Athènes. Mais il faut bien sûr rapporter tout cela à la population des pays concernés. Pour la Belgique, cela fait tout de même plus ou moins 900 euros par habitant.”

Heureusement, en ce qui concerne l’exposition des banques belges sur la Grèce (secteurs public et privé), celle-ci est extrêmement réduite : rien sur le secteur public, un million de dollars sur les banques grecques et 38 millions de dollars sur le secteur privé hors banques. Leurs expositions complémentaires à la Grèce, sous forme de dérivés, garanties ou engagements de crédit, se limitent à 11 millions de dollars. Au total, cette exposition des banques belges s’élève donc à 50 millions de dollars à peine. “C’est par contre ici tout à fait négligeable, pointe Eric Dor. De manière générale, les banques européennes ont fortement réduit leur exposition à la Grèce ces dernières années.”

Scénario du pire

Reste bien sûr à connaître la probabilité de ce scénario du pire, à savoir un défaut de la Grèce à 100 %, qui verrait Athènes ne pas rembourser intégralement ses prêteurs. “Ce qui est sûr c’est qu’une nouvelle restructuration de la dette grecque doit être envisagée, estime Eric Dor. Malgré les efforts incroyables qui ont été faits par les Grecs, celle-ci est inévitable. Le pays n’est toujours pas solvable. Il serait dès lors dangereux que l’Allemagne se cabre et refuse de lâcher du lest après les élections. Autrement dit, elle devra accepter d’alléger le plan d’austérité imposé à Athènes et au moins un rééchelonnement de la dette. Sinon, c’est à ce moment-là qu’un geste de mauvaise humeur du parlement grec et une sortie de la zone euro seront possibles.”

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