Tous les yeux des investisseurs pointés vers Jackson Hole : une baisse des taux, oui, mais de combien ?

Christine Lagarde (BCE), en discussion avec Kazuo Ueda (Banque du Japon) et Jerome Powell (Federal Reserve) à Jackson Hole, Wyoming. © getty Images
Baptiste Lambert

Jackson Hole est une vallée de l’Ouest de l’État du Wyoming aux États-Unis, comportant une station de ski prisée. C’est aussi le lieu de rendez-vous désormais incontournable des banquiers centraux. Jerome Powell y prendra la parole ce vendredi (10 heures en Belgique) : les investisseurs seront suspendus à ses lèvres, même si une baisse de taux semble acquise. Et du côté de la BCE ?

Depuis quelques années, le rendez-vous des banquiers centraux à Jackson Hole a dépassé le seul intérêt des spécialistes. Avec la hausse des taux sans précédent, les investisseurs attendent depuis longtemps le fameux dernier point pivot, celui qui fera basculer la politique monétaire des banques centrales, de restrictive à accomodante.

Ce point pivot est intervenu en juin dernier en Europe, lorsque la BCE et Christine Lagarde ont décidé de baisser les taux de 25 points. Pas de quoi révolutionner les marchés qui attendent depuis encore plus longtemps une décision similaire de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed). La rencontre des banquiers à Jackson Hole, qui démarre ce jeudi pour s’achever samedi, devrait livrer de précieux indices.

Le marché de l’emploi américain

Les données du marché de l’emploi américain y seront analysées de près. Une première alerte avait effrayé les marchés, il y a plusieurs semaines, déclenchant un mini-krach, face au risque retrouvé de récession pour la plus grande économie du monde. Il s’est avéré plus tard que cette crainte avait été exagérée. Un rapport consolidé publié hier a toutefois pointé une certaine faiblesse du marché de l’emploi américain. À surveiller.

Hier soir, la Fed a également publié les “minutes”, ce compte-rendu de la dernière réunion des banquiers centraux américains. Il en est ressorti que les chiffres de l’inflation et les chiffres de l’emploi plaidaient pour une baisse des taux en septembre, si la tendance se poursuivait. “Plusieurs” membres ont même soutenu une baisse des taux dès le mois de juillet, mais ils ne sont pas parvenus à convaincre leurs collègues. Néanmoins, « une majorité de participants ont fait remarquer que les risques pesant sur l’objectif d’emploi avaient augmenté, et de nombreux participants ont noté que les risques pesant sur l’objectif d’inflation avaient diminué », indique le compte-rendu.

Les données de l’inflation américaine vont effectivement dans le bon sens. Les prix à la consommation ont baissé, à 2,9%, alors que 3% étaient anticipés. Comme toujours, c’est l’inflation sous-jacente qui est scrutée de près, et elle reste à un niveau de 3,2%, ce qui reste élevé.

Bernard Kepenne, économiste en chef de CBC, rappelle que la Fed doit faire aussi bien attention à l’inflation qu’à l’emploi : “À de la différence de la BCE, qui n’a qu’un seul mandat, à savoir la stabilité des prix, la FED doit également maintenir le taux de chômage le plus bas possible, ce qui a expliqué la nervosité après la publication de la hausse du chiffre du chômage en juillet.”

Une baisse de 25 ou 50 points ?

Pour l’outil CME FedWatch, qui anticipe les attentes du marché, il est clair qu’une baisse des taux ne fait pas de doute, le 18 septembre prochain : 6,5 investisseurs sur 10 pensent que cette baisse sera de 25 points, 3,5 sur 10 pensent qu’elle sera même de 50 points de base, ce qui porterait les taux directeurs à 4,75% et 5,00%.

Les économistes d’ING n’excluent pas une baisse des taux de 50 points, mais il faudra attendre les toutes dernières données sur l’emploi américain, publiées début septembre.

Du côté de la BCE, c’est le gouverneur de la banque centrale finlandaise, Olli Rehn, qui a dégainé le premier. Après la pause du mois de juillet, la BCE devrait poursuivre sa baisse des taux en septembre : “La récente augmentation des risques de croissance négative dans la zone euro a renforcé l’argument en faveur d’une baisse des taux lors de la prochaine réunion de politique monétaire de la BCE en septembre, à condition que la désinflation soit effectivement sur la bonne voie.”

L’inflation en zone euro est légèrement remontée à 2,6% en zone euro, en juillet, contre 2,5% en juin. Pas de quoi paniquer toutefois. Les marchés estiment à 90 % la probabilité d’une réduction de 25 points de base du taux de dépôt à 3,5 % en septembre et prévoient au moins une autre baisse avant la fin de l’année.

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