Tesla doit-il craindre un boycott suite au rapprochement entre Elon Musk et Donald Trump ?

Elon Musk. (Photo by Kirsty Wigglesworth / POOL / AFP)
Baptiste Lambert

Après leur discussion complaisante de deux heures sur X, il est devenu clair que les deux milliardaires se soutiennent mutuellement. Ce qui n’a pas déplu à l’investisseur : l’action de Tesla a fort bien réagi, mardi. Mais attention au retour de bâton : Tesla semble perdre en popularité et fait l’objet d’un début de boycott. Et si Donald Trump venait à ne pas être élu, le constructeur et Elon Musk pourraient perdre sur toute la ligne.

L’entente est loin d’avoir toujours été au beau fixe entre Elon Musk, patron de Tesla, et Donald Trump, candidat républicain à la présidentielle américaine. Mais les circonstances ont changé. D’un côté, Elon Musk semble bien éloigné de ses projets entrepreneuriaux et passe le plus clair de son temps à combattre l’immigration de masse sur son réseau social. Pour faire face à ce danger impérieux, il a placé sa confiance en Donald Trump. C’est devenu officiel après la tentative d’assassinat manquée contre le républicain. Et c’est devenu très concret après la longue conversation entre les deux milliardaires, lundi, sur X.

De l’autre côté, il y a Donald Trump, qui voit en Elon Musk un soutien de poids et qui reste rare au sein de la Silicon Valley. L’entrepreneur possède le réseau social le plus influent au monde et y promeut une liberté d’expression absolue, ce qui a donné un boulevard aux idées conservatrices du républicain. En contrepartie, Trump est subitement devenu pro-voitures électriques. Jusque-là, le républicain avait férocement combattu l’Inflation Reduction Act de Joe Biden et ses généreuses subventions de 7.500 dollars par véhicule. Il accusait les voitures électriques de créer un trou béant pour les finances publiques, d’être “liberticides”, à la solde des Chinois et responsables d’un bain de sang pour l’industrie automobile américaine. Les choses ont bien changé : “Je suis pour les voitures électriques, je dois l’être parce qu’Elon m’a fortement soutenu”, avait déjà déclaré Donald Trump lors d’un ralliement à Atlanta, le 3 août dernier.

Quelles conséquences pour Tesla ?

Cette “bromance” plus que naissante n’a en tout cas pas échaudé les investisseurs, au contraire. Hier, au Nasdaq, Tesla gagnait 5,24%, au lendemain de la conversation entre les deux hommes. Trump se montrera-t-il plus généreux que prévu pour l’industrie des voitures électriques ? C’est à confirmer. En tout cas, les actionnaires n’ont pas toujours été aussi tendres envers Elon Musk et son entreprise, dont l’image de marque est intimement liée. Que ce soit lors du rachat de Twitter, il y a deux ans, où l’action Tesla avait été clairement sanctionnée. Ou plus tard, lors de propos polémiques et jugés antisémites, qui avaient d’ailleurs conduit à des excuses de l’intéressé.

Mais au-delà de l’action, il y a également les ventes de véhicules. Et on le sait, l’industrie automobile traverse une période compliquée. Les ventes de Tesla n’y échappent pas et patinent, malgré un léger mieux au deuxième trimestre. Mais les choses pourraient gravement se corser si les Tesla venaient à être boudées, voire boycottées, suite au positionnement politique de son patron.

C’est loin d’être un raisonnement fantaisiste. Pour la simple et bonne raison que la plupart des acheteurs de Tesla votent démocrates aux États-Unis, premier marché du constructeur. En juillet dernier, lors du soutien officiel d’Elon Musk à Donald Trump, la société d’analyse CivicService a réalisé un rapport relayé par Yahoo Finance : la popularité de Tesla parmi les démocrates inscrits est passée de 39% en janvier à 16% en juillet. Et le léger regain de popularité parmi les républicains depuis quelques mois ne semble pas compenser cette chute.

Imaginons maintenant que Donald Trump ne remporte pas les élections présidentielles en novembre prochain. Elon Musk aura perdu sur les deux tableaux : la popularité de Tesla auprès des démocrates et l’éventuel soutien du milliardaire républicain. Sans minimiser la possibilité que l’administration Harris lui fasse payer son soutien au républicain. Après tout, l’administration Biden s’était déjà montrée très méfiante à l’encontre de Tesla, notamment sur la question syndicale.

En Europe

En Europe, le boycott semble avoir déjà commencé. Il est trop tôt pour le dire au niveau des clients, mais le processus est déjà entamé au niveau des entreprises. L’Allemand Rossmann, la plus grosse chaîne de pharmacie du pays, avec 61.000 salariés et 4.700 succursales dans le monde, a annoncé qu’elle ne commanderait plus de Tesla pour équiper sa flotte de voitures de société.

En Belgique, la société immobilière gantoise Revive a décidé de vendre toutes ses Tesla, car elle ne veut plus être associée à l’image que renvoie Elon Musk. C’est ce qu’explique l’entrepreneur Nicolas Bearelle dans Het Nieuwsblad : “Nous continuerons bien sûr à rouler en électrique, mais via d’autres marques de voitures.”

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