Alors que l’entrée en vigueur de la taxe sur les plus-values se profile à l’horizon, un nouveau marché s’ouvre pour les professionnels du chiffre. Si la valorisation des actifs cotés ne soulève guère de complexité, celle des sociétés non cotées s’annonce bien plus délicate. Un besoin technique doublé d’une opportunité économique.
On le sait, un nouvel impôt sur les plus-values financières entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2026. Pour les actifs cotés, la situation est relativement simple : c’est la valeur au 31 décembre 2025 qui servira de base de référence pour le calcul des éventuelles plus-values réalisées dans le futur.
S’agissant de la valorisation des sociétés non cotées, l’exercice s’annonce en revanche plus complexe. Plusieurs mécanismes d’évaluation ont été prévu par le gouvernement afin de déterminer cette valeur de départ, dont une formule simplifiée et forfaitaire (fonds propres + EBITDA multiplié par 4). Il sera toutefois possible de faire appel à un réviseur d’entreprises ou à un expert-comptable indépendant pour établir cette valorisation, sachant que l’administration fiscale conservera le droit de contester cette évaluation.
Marché naissant
Les réviseurs d’entreprises et experts-comptables agréés joueront donc un rôle central : déterminer de manière objective la valeur de référence utilisée pour la taxation. “Nous sommes prêts à assumer cette nouvelle mission, dans l’intérêt de toutes les parties concernées”, indique à ce propos Eric Van Hoof, président de l’Institut des Réviseurs d’Entreprises (IRE), dans un communiqué mettant en avant ce service, se trouvant en concurrence directe avec les experts-comptables sur ce marché naissant.
Car pour les start-up, pour les sociétés à forte croissance ou pour certains secteurs spécifiques, la formule standard n’est probablement pas adéquate. “On ne peut pas en une formule couvrir tous les cas de figure. D’où l’intérêt d’avoir des professionnels du chiffre qui disposent de l’expertise nécessaire pour valoriser de manière indépendante une société en alternative à la formule prévue par le projet de loi”, ajoute Eric Van Hoof.
Bonne affaire
Selon Bruno Colmant, il est en effet crucial que les sociétés non cotées disposent d’une évaluation incontestable de leur valeur au 31 décembre 2025 dans la mesure où cette estimation servira de base pour le calcul des futures plus-values imposables. “Personnellement, je recommande vivement d’en faire établir deux, par des experts indépendants distincts (réviseurs, experts-comptables ou comptables), afin d’anticiper toute remise en cause ultérieure de la part de l’administration. Il sera alors possible de retenir, par exemple, la moyenne des deux évaluations”, suggère l’économiste.
À noter aussi que pour garantir une parfaite impartialité, le réviseur d’entreprises choisi ne pourra être ni le commissaire aux comptes de la société, ni son conseiller habituel.
Bref, conclusion pour Bruno Colmant : “Il est clair que ces nouveaux besoins liés à la valorisation du non coté dans le cadre de la taxation des plus-values représentent un marché très juteux, qui permettra d’augmenter significativement les revenus de la profession du chiffre en 2025.”