Tailler dans le fonctionnement de la politique ne sauvera pas le budget, mais les symboles, ça compte

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Baptiste Lambert

On poursuit notre analyse sur le chiffrage des programmes politiques du Bureau du plan. On s’attarde aujourd’hui sur toutes les mesures qui taillent dans le budget du fonctionnement des pouvoirs publics. Mises bout à bout, on se rend vite compte que ces mesures ne seront pas la panacée. Mais l’électeur belge est en quête de sens, et la politique a tout intérêt à montrer l’exemple, face au dérapage budgétaire.

En parcourant les mesures prioritaires soumises par les partis politiques (francophones) au Bureau du plan, on constate que beaucoup d’entre elles concernent le chapitre “fonctionnement de l’administration publique”. Un signe que le message semble entendu par le monde politique, même si aucune réforme d’envergure de simplification des institutions n’a surgi de l’actuelle législature.

On le sait, les efforts budgétaires pour la prochaine législature seront drastiques si on veut se rapprocher un tant soit peu du seuil de 3% de déficit public. Même si la défiance à l’égard du monde politique atteint des sommets, comme l’a montré notre sondage Trends-Tendances/Le Vif/Kantar, il serait erroné de croire que la cure d’amaigrissement des pouvoirs publics sera notre salut budgétaire.

Mandataires et partis politiques

  • Ainsi, “la réduction de 30% de la rémunération des députés et des ministres“, comme le propose Ecolo, ne rapporterait “que” 10 millions d’euros par an aux finances publiques.
  • Le PTB propose également la suppression des indemnités de sorties des députés de tous les parlements (fédéral, wallon, bruxellois et flamand) : 15 millions d’euros, mais uniquement en 2025 et en 2029, forcément.
  • Le MR, lui, veut une réduction du nombre de mandataires à tous les niveaux de pouvoir. De 13 à 9 ministres au niveau francophone, de 89 à 45 parlementaires bruxellois, de 75 à 50 parlementaires wallons et de 94 à 63 parlementaires au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les libéraux y ajoutent une réduction des conseillers communaux et provinciaux, et enfin la suppression des secrétaires d’État à Bruxelles. Gain pour les finances publiques : 18 millions d’euros par an.
  • Le PTB propose aussi la réduction de moitié des dotations publiques des partis, qui ont fait beaucoup de bruit. Résultat : 39 millions d’euros par an.

Fonctionnement des pouvoirs publics

  • Au niveau, de la simplification administrative, Ecolo veut lancer un plan de rationalisation des administrations publiques, sans réduction d’effectifs, ni de perte de qualité pour les citoyens. Un montant colossal ? Pas vraiment : 190 millions d’euros par an. Le BFP estime qu’une simplification administrative sans perte de qualité ne peut dépasser 0,5% des dépenses par an.
  • Du côté du MR, on propose une réduction des frais de fonctionnement de tous les niveaux de pouvoirs francophones, du fédéral et de la Sécurité sociale. Gain pour les finances publiques : 185 millions d’euros par an, mais à partir de 2029.
  • Les Engagés relancent l’idée d’un “budget base zéro”, à tous les niveaux francophones et au fédéral. Le BFP estime que cette mesure est du même ordre que la proposition du MR. Gains cumulés, donc : 185 millions d’euros par an.

Notons que le PS et DéFI n’ont pas fait de la simplification des pouvoirs publics une priorité. Aucune mesure n’a été proposée pour réduire le budget des institutions et mandataires publics.

Au total, à la grosse louche, les gains cumulés de toutes ces mesures rapporteraient autour de 450 millions d’euros par an aux finances publiques. Avec un déficit public qui se mesure actuellement autour des 30 milliards par an, cette somme ne serait donc que symbolique. Mais les symboles, ça compte…

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