Sortir ou maintenir le nucléaire : la vraie facture

Maintenir le fleuron nucléaire français aura un coût de plus en plus prohibitif, prévient la Cour des comptes. La facture d’une sortie du nucléaire serait tout aussi salée, selon une étude du Commissariat à l’énergie atomique.
Le coût de l’énergie nucléaire, qui contribue en France à 75 % de la production d’électricité, devrait augmenter de 10 % dans les années à venir en raison des investissements nécessaires dans une filière vieillissante, selon un rapport de la Cour des comptes publié mardi.
La France doit dès maintenant faire des choix sur sa politique énergétique et l’avenir de son parc nucléaire, qui entraîneront dans tous les cas de lourds investissements, selon la Cour. Depuis le lancement de la filière nucléaire, fleuron de l’industrie française, dans les années 1950, les investissements « toutes dépenses confondues » se sont élevés à 228 milliards d’euros, a calculé l’organisme public.
Maintenir la filière nucléaire en état coûtera de plus en plus cher
« D’ici la fin de 2022, 22 réacteurs sur 58 atteindront leur 40e année de fonctionnement », et s’ils n’étaient pas prolongés, « il faudrait un effort très considérable d’investissement » permettant de construire 11 réacteurs nouvelle génération (EPR) d’ici 2022, précise le rapport. La Cour estime un tel effort « très peu probable, voire impossible, notamment pour des considérations industrielles. Ne pas décider revient à prendre une décision qui engage l’avenir. »
Selon le rapport, les simples dépenses de maintenance vont plus que doubler sur la période 2011-2025, à 3,7 milliards par an en moyenne, contre 1,7 milliard en 2010, soit un total de 55,5 milliards d’euros sur 15 ans. Ce qui fera augmenter le coût moyen de production « de l’ordre de 10 % ».
Concernant la gestion future des déchets nucléaires, son coût est évalué à 28,4 milliards d’euros, mais ce montant sera probablement amené à augmenter, estime la Cour des comptes.
Combien coûterait une sortie du nucléaire ?
Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a, de son côté, publié mardi une étude selon laquelle une sortie complète du nucléaire en France coûterait entre 530 milliards et 772 milliards d’euros, soit environ le triple d’un maintien du nucléaire à son niveau actuel. Cette fourchette vaut toutefois pour un scénario « sous contrainte carbone », soit une sortie totale du nucléaire par un arrêt progressif des centrales jusqu’à la fermeture en 2025 et la mise en place d’énergies renouvelables (ENR). Le niveau d’émission, dans ce cadre, est au plus égal à celui de 2010.
Un autre scénario possible requiert un investissement nettement moindre. C’est celui d’une sortie du nucléaire « sans contrainte carbone », qui suppose que le parc nucléaire soit essentiellement remplacé à moindre coût par un parc « gaz ». Coût : entre 173 milliards et 181 milliards d’euros d’investissements.
Cette dernière fourchette avancée par l’I-tésé (Institut de techno-économie des systèmes énergétiques) du CEA est particulièrement intéressante, car elle s’avère inférieure à la facture d’un « simple » maintien du nucléaire (avec, précisons-le, « poursuite de la tendance actuelle de développement des énergies renouvelables ») : 178 milliards à 212 milliards d’euros.
Trends.be
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