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Sorties de crise et coup de gourdin pour les “riches”

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Je sais que nous ne sommes pas encore sortis du long tunnel de cette crise, mais tout de même, nous y sommes presque. Justement, cette sortie de crise, elle va ressembler à quoi ?

Pour nous aider à voir clair, le magazine The Economist a publié un article sur ce que nous enseigne l’histoire à la sortie de chaque grande crise non économique, et cela depuis la fin de la Grande Peste en 1350 jusqu’à la seconde guerre mondiale.

Première leçon: non, hélas, après le confinement ne succèdera pas l’euphorie ! En effet, que ce soit après l’épidémie de variole, en Grande-Bretagne en 1870, ou la fin de la grippe espagnole, en 1920, l’épargne constituée par les citoyens ne se recycle pas entièrement dans l’économie. Après la seconde guerre mondiale, par exemple, les Américains n’ont dépensé que 20% de l’épargne accumulée pendant la guerre. Si l’histoire bégaye en 2021, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les commerçants…

En revanche, et c’est la deuxième leçon de l’histoire, les sorties de crise se manifestent par une nouvelle créativité entrepreneuriale et scientifique. On a vu des créations records d’entreprises aux Etats-Unis en 1919 et les grandes explorations maritimes ont démarré après la peste noire. Et aujourd’hui, on sait déjà que grâce au vaccin ARn messager, on va vaincre la covid-19 mais aussi la bonne vieille grippe, sans oublier les fortes avancées sur certains cancers. Ce n’est pas de la science-fiction, il suffit juste de regarder le site internet du laboratoire Moderna et de voir son portefeuille produits, et en particulier les essais cliniques pour constater que de grandes nouveautés en matière de lutte contre le cancer seront bientôt à portée de main.

Par contre, et ça, cela va stresser notre personnel politique, la troisième leçon tirée par le magazine The Economist des sorties de crise sur le plan historique, c’est que la tolérance aux inégalités diminue. Selon le FMI, on observe même un pic de contestation sociale deux ans après la fin de la pandémie. Autrement dit, faites-le calcul, nos politiques vont avoir chaud à la rentrée 2023. Si vous vous posez la question de savoir pourquoi Joe Biden, un Américain, ose taxer un peu plus les riches, vous avez votre réponse : il sait que la population, y compris américaine, a besoin qu’on lui montre qu’on lutte contre les inégalités. Comme les riches sont par définition très peu nombreux, il sait aussi que personne, au-delà de quelques coups de gueule pour la galerie, personne donc, y compris dans le camp des Républicains, ne va se battre pour quelques privilégiés. Si les Etats-Unis osent taxer leurs riches, vous vous doutez bien que le reste de la planète va suivre.

Attention à ne pas mettre le curseur de la taxation trop bas ! Je rappelle qu’en Belgique, 10% des citoyens paient déjà 50% des impôts et 20% paient même 67% des impôts… Et donc, en pensant que le riche c’est le voisin, certains risquent de se réveiller avec la gueule de bois !

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