Si le taux d’emploi a augmenté en Belgique, de nombreux autres pays européens font mieux

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Comme un goût de trop peu, pour l’économiste du travail Stijn Baert : le taux d’emploi n’a pas augmenté grandement durant la législature de la Vivaldi. De nombreux autres pays européens font mieux.

Dans un fil publié sur X ce mardi, Stijn Baert, économiste du travail à l’Université de Gand, se penche sur les chiffres de l’emploi en Belgique et dans les différentes régions du pays. “Pourquoi l’emploi en Belgique et dans les Régions a été à la traîne depuis les dernières élections“, intitule-t-il sa publication, notant en même temps que “un taux d’emploi plus élevé, telle était l’ambition centrale des accords de coalition fédéraux et régionaux.”

Pour mémoire, le taux d’emploi reprend les personnes qui sont en âge et en capacité de travailler et qui ont un emploi. A côté, il y a les chômeurs (5,6% à la fin de 2023, selon Statbel), qui sont à la recherche d’un emploi et les inactifs (23,9%), qui ne recherchent pas d’emploi, par exemple les parents au foyer.

Moyenne européenne : l’écart se creuse

“Jamais autant de personnes n’ont travaillé dans notre pays. Le gouvernement fédéral le rappelle souvent. Et il a raison”, écrit l’expert. Mais il y a un mais. Force est de constater que même si le taux d’emploi a légèrement augmenté, l’écart avec la moyenne de l’Union européenne s’est creusé. En 2020, lorsque la Vivaldi a pris les rênes du pays, le taux était de 70% en Belgique et de 72,2% en Europe (différence : 2,2). A la fin de l’année 2023, il est de respectivement 72,1 et 75,3% (différence : 3,2%).

D’autres pays font mieux. “L’Espagne et la Croatie, qui ne sont historiquement pas des pays guides sur le plan économique, sont presque à égalité avec la Belgique. Et même la Grèce et l’Italie nous rattrapent progressivement”, compare-t-il. Ces pays sont d’ailleurs souvent décrits comme le “Club Med” : une image péjorative pour dire que les habitants n’aiment pas travailler. Mais le taux d’emploi a augmenté plus fortement qu’en Belgique, sur les cinq dernières années. En Grèce, pays aujourd’hui adoubé par les agences de notation et portant le prestigieux titre de “miracle économique”, le taux connait une des plus fortes hausses du continent.

Mais il ne faut pas non plus avoir un taux bas pour faire de belles progressions. Chez nos voisins du Nord par exemple, le taux est passé 80,1% (ce qui est, rappellons-le, la cible en Belgique) à 83,5% – désormais le plus élevé du continent.

Evolution du taux d’activité en Europe, entre 2019 et 2023. Image : Stijn Baert, via X.

Chômage de longue durée

À côté du taux d’emploi, un autre mal hante l’économie belge : le chômage de longue durée. “Seuls quatre pays ont un pourcentage plus élevé de chômeurs qui le sont depuis plus d’un an. Et ce, bien que nous ayons plus d’offres d’emploi que la quasi-totalité des autres pays. Alors vous n’avez tout simplement pas obtenu de bons résultats en termes de politiques d’activation”, écrit-il encore.

Les chômeurs qui le sont depuis longtemps représentent ainsi 42,2% du nombre total de chômeurs. En Europe, le moyenne est de 36,9%. Là aussi, l’évolution est moins forte en Belgique qu’en Europe : il y a cinq ans, le chiffre était de 45,1% en Belgique (-2,9 points), contre 43,1% en Europe (-6,2 points). L’écart s’est donc creusé.

Les différences régionales sont importantes, poursuit-il. En Flandre, les chômeurs de longue durée représentent 27,2% du nombre total de chômeurs. Mais en Wallonie et à Bruxelles, le nombre représente la moitié des personnes à la recherche d’un emploi : il s’agit de respectivement 50,3 et 49,2%.

“Résultat de cette politique de faible activation : en Wallonie et à Bruxelles, un enfant sur six (17% environ, NDLR) grandit dans une famille où personne n’exerce d’activité rémunérée”, en conclut l’expert. C’est plus bien plus qu’en Flandre, où le taux est de 6%. En Belgique, il est de 10,9% et de 8% en Europe.

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