Les travailleurs belges n’ont jamais été aussi nombreux à se déclarer malades. En 2024, plus de la moitié d’entre eux (53,2 %) ont été absents au moins une fois, selon une étude de Securex. Ce phénomène s’accompagne d’une hausse notable des absences de courte durée, en particulier depuis la suppression du certificat médical pour les absences d’un jour, que l’Arizona veut réduire.
L’étude menée par Securex révèle que, pour l’année 2024, chaque travailleur s’est déclaré malade en moyenne 1,36 fois — une hausse de 20 % par rapport à la période précédant la pandémie. Le phénomène s’intensifie : un travailleur sur six (17,4 %) a été absent au moins trois fois dans l’année, un record. Cela représente une augmentation de 8,55 % par rapport à 2023, et de 36 % comparé à l’ère pré-Covid.
Par ailleurs, moins d’un travailleur sur deux (46,8 %) ne s’est pas déclaré malade du tout, un seuil historiquement bas.
L’impact de la suppression du certificat médical
Depuis novembre 2022, les salariés belges ne doivent plus présenter de certificat médical pour une absence d’un jour, et ce jusqu’à trois fois par an. Cette mesure, censée alléger les démarches administratives, a entraîné une hausse significative des absences de courte durée : +44 % à l’échelle nationale. Le phénomène est particulièrement marqué dans les grandes entreprises (plus de 50 travailleurs), où les absences d’un jour ont bondi de 62 % depuis 2022.
Même dans les petites structures, non soumises à cette obligation, la hausse avoisine les 30 %. Comme l’explique Stephanie Heurterre, Senior HR Consultant chez Securex, « avec la suppression du certificat médical, il est plus facile pour les travailleurs de décider eux-mêmes lorsqu’ils ne sont pas en mesure de travailler une journée. Cela se traduit par un nombre accru d’absences de courte durée. »
Des conséquences organisationnelles
Cette tendance à l’absentéisme court mais fréquent a des conséquences importantes : planification du personnel perturbée, surcharge de travail pour les collègues présents, et baisse potentielle de productivité. Pour le Professeur Philip Verwimp (KU Leuven), il reste à évaluer si cette hausse d’absences d’un jour s’accompagne d’une baisse des absences plus longues — un point clé pour analyser l’effet global sur la santé au travail.
En attendant, l’Arizona a décidé de restreindre la portée du nombre d’absences sans justification du certificat médical de trois à deux fois un jour, mais seulement à partir du 1er janvier prochain.
L’appel à une politique de prévention structurelle
Face à cette dynamique, Securex insiste sur l’importance d’une stratégie d’absentéisme cohérente, axée sur la prévention. Les entreprises sont invitées à établir un cadre clair pour la gestion des absences : procédures de déclaration, règles sur les certificats, communication transparente sur les contrôles médicaux éventuels.
Stephanie Heurterre précise : « En encourageant les dialogues constructifs et en abordant l’absentéisme de manière objective et sans jugement, les organisations peuvent élaborer des plans d’action sur mesure. »
Une politique intégrée de bien-être, fondée sur le leadership, la culture du dialogue et le soutien managérial, est donc essentielle pour enrayer l’absentéisme et renforcer la santé organisationnelle, défend Securex.
Méthodologie de l’étude
L’analyse de Securex repose sur un échantillon représentatif de 192 747 travailleurs issus de 22 965 employeurs privés en Belgique (entreprises jusqu’à 1 000 employés). Les données tiennent compte de pondérations régionales, afin de corriger certains biais géographiques, tout en reflétant fidèlement la diversité du marché du travail belge.