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“Sans argent, la presse sera moribonde et sans la presse, la démocratie risque de vaciller”

Hier, la presse a remporté une victoire au parlement européen contre les géants du net comme Facebook et Google. Amid Faljaoui nous en dit plus sur ce combat que mènent les éditeurs de presse pour ne plus être pillés de leur travail par ces géants du Net.

Les lecteurs du journal Le Soir auront vu que ce mercredi la Une de ce quotidien était d’un genre particulier. En effet, la moitié de cette Une était blanche avec un seul titre : informer a un coût.

Et puis, l’éditorial qui suivait en bas de ce titre en expliquait la teneur. En fait, Le Soir a voulu rappeler à ces lecteurs que ce mercredi 12 septembre n’était pas un jour comme un autre: c’était un jour très important pour les éditeurs de journaux.

Pourquoi ? Parce le parlement européen a enfin approuvé une proposition relative aux droits d’auteurs sur internet. Le texte en question prévoit la rémunération des auteurs dès lors que leurs oeuvres sont publiées en totalité ou en partie sur d’autres plateformes.

Vous me direz que c’est l’évidence même que de payer pour des articles que quelqu’un reproduit gratuitement sur une plateforme internet. C’est vrai, sauf que ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Les éditeurs de presse sont littéralement exploités par les GAFA, les fameux Google et autres Facebook. Ces géants du Web mettent en ligne gratuitement des contenus originellement payants et en plus, ils se rémunèrent par la publicité et par la monétisation de nos données personnelles. Et donc, oui, ces plateformes internet sont accusées par les éditeurs de presse de capter l’essentiel de la valeur publicitaire au détriment des auteurs et des éditeurs.

En fait, le constat est banal : aujourd’hui, les éditeurs sèment, labourent et investissent dans l’information, et les autres -c’est-à-dire Google et Facebook- se contentent d’encaisser l’argent de la publicité à leur place.

Aujourd’hui, les éditeurs sèment, labourent et investissent dans l’information, et les autres -c’est-à-dire Google et Facebook- se contentent d’encaisser l’argent de la publicité à leur place.

Les chiffres le montrent, ces géants du Net accaparent 80% de la publicité numérique. Des recettes qui proviennent de l’audience générée par les articles de presse mais sans rien redistribuer à ceux et celles qui créent cette information. D’où le titre du journal Le Soir : l’information a un coût.

Il faut payer les journalistes et leurs temps pour produire de l’information de qualité. Mais comment le faire si les recettes publicitaires sont siphonnées par Facebook et Google ?

Et c’est là l’objet de cette directive européenne qui a été votée hier par une majorité d’eurodéputés. Ce texte devrait permettre de rectifier cette anomalie.

Mais faire adopter ce texte n’a pas été une mince affaire, car les lobbys et certains eurodéputés étaient sensibles aux arguments de ces géants du Net que sont Google, Facebook ou Microsoft.

Ils ont relayé des informations fausses selon lesquelles cette directive signifiait la fin de la gratuité sur le web ou que ce texte allait empêcher le partage d’articles sur les réseaux sociaux ou qu’il allait rendre payant un site comme Wikipedia. Tout cela est faux bien entendu, et heureusement les députés européens ne se sont pas laissés intimider par des arguments creux.

L’information de qualité a un coût comme l’écrit Le Soir et une valeur. Pourquoi donc l’offrir gratuitement sur un plateau aux multinationales américaines que sont Google ou Facebook ? Sans argent, la presse sera moribonde et sans la presse, la démocratie risque de vaciller.

Ce mercredi 12 septembre n’était pas un jour important pour la presse mais aussi pour tous les citoyens.

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