PS-Ecolo: une lutte finale laborieuse contre le MR, premier francophone potentiel
Paul Magnette et Jean-Marc Nollet font tout pour déstabiliser Georges-Louis Bouchez, au risque… de ne parler que de lui. Maxime Prévot (les Engagés) compte les points. Ce vendredi soir, ultime confrontation Magnette-Bouchez comme une finale de Champions League.
Le débat des six présidents de partis francophones touche à sa fin, jeudi soir sur RTL. Georges-Louis Bouchez, président du MR, lâche soudain: “Je pense que si Paul Magnette mettait un euro chaque fois qu’il cite mon nom, on résoudrait le problème de la dette publique.”
Cette sortie est révélatrice de cette dernière joute entre tous les leaders francophones, au cours de laquelle le PS et encore plus Ecolo n’ont eu cesse de s’en prendre au MR. Une configuration symptomatique de l’enjeu de cette fin de campagne, singulièrement pour le PS: éviter que le MR ne devienne le premier parti francophone. Cela lui donnerait la main pour les négociations, au lendemain du 9 juin.
Un tir de barrage caricatural
Tout au long des échanges, les derniers à six, Paul Magnette (PS) et plus encore Jean-Marc Nollet (Ecolo) n’ont cessé de tirer à boulets rouges – c’est le cas de le dire – sur leur homologue libéral. Au risque, finalement, de donner l’impression de n’avoir rien à défendre au-delà d’une augmentation salariale de 300-350 euros via une taxation des richesses.
À Christophe Deborsu, qui lui faisait remarquer son obsession, Jean-Marc Nollet, visiblement surpris, a dû concéder : “C’est que le double discours du MR, on en a marre”. Allant plus loin encore, l’écologiste s’est même employé à qualifié le MR de parti “extrême” comme le PTB. “Je ne vais pas gaspiller du temps de parole pour répondre à ça, tout le monde sait qu’il n’en est rien”, s’est contenté de répliquer Bouchez.
Ce théâtre témoigne de la volonté contrariée du PS et d’Ecolo qui souhaitent gouverner ensemble, idéalement au sein d’un Olivier avec les Engagés et sans le MR. Mais les derniers sondages distribuent les cartes autrement: le MR est au coude-à-coude avec le PS pour la première place en Wallonie et premier de loin à Bruxelles devant le PTB et le PS à la traîne. Quant aux écologistes, ils s’écrasent.
C’est dire combien Georges-Louis Bouchez peut se poser en victime et/ou en modeste qui n’a encore rien gagné – ce qui ne lui ressemble guère, pourtant.
Un PS mal à l’aise et fébrile
Si Jean-Marc Nollet tente le tout pour le tout, comme s’il n’avait plus rien à perdre, on sent Paul Magnette beaucoup plus mal à l’aise. Et pour cause. Il attaque le MR, mais devra potentiellement composer avec lui. Il attaque le PTB, promet de ne pas gouverner avec lui alors qu’une partie de la gauche le demande, mais chacune de ses sorties est susceptible de nourrir l’extrême gauche.
Mal à l’aise, encore, quand il doit faire des circonvolutions pour affirmer qu’il ne souhaite pas gouverner avec la N-VA, ce n’est pas son premier choix, mais sans l’exclure complètement. “Nous ne mettons pas d’exclusives contre un parti démocratique”, se contente de dire Bouchez: il serait “déraisonnable” de ne pas envisager une majorité avec elle, alors que le Vlaams Belang capturera près de 30% des voix en Flandre.
Le PS espère sauver son leadership francophone et on connait sa capacité à mobiliser dans la dernière ligne droite. Mais son caractère “rassurant” a quelque peu disparu dans une campagne marquée par les thématiques liées au travail (contre l’assistanat) et à la sécurité. Paul Magnette, en toile de fond, joue très gros, peut-être même sa place à la tête du parti.
Le dernier débat, ce vendredi soir dans le cube de la RTBF, opposera Paul Magnette à Georges-Louis Bouchez. Ce sera pratiquement une finale de Champions League.
En guise d’arbitre, Maxime Prévot, président des Engagés, compte les points en se présentant comme rassembleur, un rôle que François De Smet (DéFi) peine à lui contester.
Vivement le résultat final, plus que deux fois dormir.
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