Powell confirme : “Sans les tarifs douaniers, nous aurions déjà baissé les taux d’intérêt”

Jerome Powell. REUTERS/Kevin Mohatt © REUTERS
Charly Pohu

Le président de la Fed le confirme officiellement : sans les droits de douane, les taux d’intérêt auraient déjà baissé. Un pied de nez à Trump, qui met la pression sur la banque centrale pour qu’elle baisse les taux.

Aux États-Unis, les droits de douane de Trump risquent de faire augmenter l’inflation. Cela, après une vague d’inflation qui n’est qu’en train de refluer aujourd’hui. Pour lutter contre cette inflation, la Réserve fédérale avait fortement augmenté ses taux d’intérêt.

Depuis, malgré le reflux, la Fed n’a baissé que ses taux qu’à trois reprises (d’un point de pourcent au total), entre septembre et décembre 2024. Sur l’automne, l’inflation a soudain remonté d’un cran, et la Fed a gardé les taux inchangés en début d’année pour freiner cette hausse. Ensuite, avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et ses plans, puis annonces, de nouveaux droits de douane, la Fed est devenue encore plus prudente (malgré une rechute de l’inflationen début d’année). La baisse des taux est sur pause, en attendant de voir la réaction de l’économie et de l’inflation à cette potentielle hausse de prix payés par le consommateur.

“Baisse des taux, sans les droits de douane”

Prudence aussi dans la communication : c’était avant tout cet “on attend de voir” qui était prôné. Mais le président de la Fed, Jerome Powell, a coupé net avec cette posture ce mardi, au forum de la BCE à Sintra, au Portugal.

En répondant à une question, il confirme que oui, sans ces droits de douane, la Fed aurait déjà baissé ses taux de nouveau. “En effet, nous avons appuyé sur pause lorsque nous avons pris connaissance du montant des droits de douane, et que pratiquement toutes les prévisions d’inflation pour les États-Unis ont augmenté de manière significative en conséquence de ces droits”, détaille-t-il.

Paradoxe politique

Dans le contexte, l’assertion peut être vue comme un tir visant Donald Trump. Le président américain ne tarit pas de critiques (véhémentes) envers la Fed : il souhaite qu’elle baisse les taux. L’organe, indépendant du gouvernement, ne flanche pas sous la pression. Il garde le cap sur sa mission, celle de la stabilité des prix.

Le message subliminal est clair : sans les droits de douane, les perspectives d’inflation n’auraient pas augmenté et la Fed aurait continué à baisser ses taux, comme l’a fait la BCE… et les taux d’intérêts, si vertement critiqués par Trump, sont donc en fait sa propre faute. S’il veut une baisse des taux, qu’il revoit ces taxes à la baisse, et qu’il arrête d’embêter la Fed, peut-on paraphraser la pensée de Powell.

Mais ce n’est peut-être pas si simple que cela. Ces droits de douane, les États-Unis en ont besoin pour éviter que le déficit public ne chute davantage. La dette est de plus en plus sous le feu des projecteurs, notamment depuis la dégradation de la note par Moody’s, à la mi-mai. Bref, le bras de fer entre Trump et la Fed ne devrait donc que s’intensifier.

Puis, avec des si on refait le monde, note CNBC dans sa chronique boursière. “Rappelez-vous comment les trois principaux indices américains ont bondi et atteint de nouveaux records après la victoire électorale de Trump, car Wall Street anticipait des réductions d’impôts et un assouplissement de la réglementation des entreprises. Sans l’effet modérateur des droits de douane, l’optimisme économique aurait pu se transformer en exubérance et en inflation plus élevée.”

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