La baisse des pétroliers, la hausse assez inattendue de l’euro ces derniers temps et les faibles perspectives de croissance de la zone euro militent désormais en faveur d’une prudente baisse des taux, explique le gouverneur de la Banque nationale.
Le gouverneur de la Banque nationale Pierre Wunsch avait jusqu’ici la réputation d’être, en politique politique monétaire, dans le camp des faucons. Il était de ceux qui étaient plutôt en faveur d’une politique monétaire empreinte de rigueur. Il militait donc pour maintenir les taux à un niveau suffisamment élevés tant que l‘inflation n’était pas revenue durablement sous contrôle.
En 2023 par exemple, il était de ceux qui ne voulaient pas entendre parler de baisse des taux alors que certains de ses collègues plaidaient pour un peu de souplesse.
Cycle baissier
Finalement, la BCE n’a commencé à abaisser ses taux directeurs qu’en juin 2024. Mais depuis lors, elle a réduit ses taux sept fois, faisant passer son principal taux directeur, celui de la rémunération de la facilité de dépôt, de 4 % à 2,25 %.
Dans les marchés, on anticipe la poursuite du cycle baissier. Un nouveau relâchement pourrait être décidé dès la prochaine réunion de la BCE, le 5 juin. La question d’ailleurs est moins de savoir si la BCE va abaisser ses taux, elle est plutôt de savoir de combien sera la baisse : 25 ou 50 points de base ? Autrement dit le taux directeur européen sera-t-il bientôt à 2 % ou à 1,75 %?
La situation a changé
Sans le dire explicitement, Pierre Wunsch apparaît être en faveur d’une basse, certes, mais limités à 25 points de base.
« Je ne milite pas nécessairement pour une baisse en dessous de 2 %, avait-il dit au Financial Times. Il l’a répété ce mercredi en marge de la présentation du rapport sur la stabilité financière de la Banque nationale.
Le raisonnement est que désormais, la situation a changé. « Lorsque Donald Trump est arrivé au pouvoir en janvier on pensait que sa politique allait plutôt aboutir à la marge à un peu plus d’inflation et un peu moins de croissance. Aujourd’hui, on observe un rééquilibrage des portefeuille (certains investisseurs internationaux s’allègent en actifs américains, NDLR), une appréciation de l’euro, une baisse sensible des prix pétroliers, une agressivité potentielle des agents économiques chinois (qui cherchent à augmenter leurs ventes en Europe puisqu’il leur est plus difficile de vendre aux États=Unis)… », constate Pierre Wunsch.
Scénario déflatoire
Et la hausse non anticipée de l’euro (on pensait lors de l’arrivée de Trump au pouvoir que c’est le dollar qui allait continuer à s’apprécier) a permis à l’Europe d’acheter les produits libellés en dollars moins chers, ce qui a réduit la pression inflationniste.
« Sur cette base on est clairement dans un scénario déflatoire », ajoute Pierre Wunsch.
Certes, ajoute-t-il, l’inflation domestique est toujours trop élevée, elle est au-dessus de 3,5 %. « Mon raisonnement est qu’avec des taux directeurs à 2 %, la politique monétaire serait déjà accommodante, souligne le gouverneur de la BNB, qui ajoute : lorsque je regarde les attente de marché, qui sont que le taux directeur européen atteigne 1,75 % à la fin de l’année, cela ne me choque pas. »