Pour Bouchez, si une région parvient à réduire le nombre de chômeurs, elle doit être récompensée

Alain Mouton Journaliste chez Trends  

Une région qui parvient à réduire suffisamment le nombre de ses chômeurs, grâce à leur activation, devrait être récompensée financièrement, estime Georges-Louis Bouchez, président du MR. Cela revient à responsabiliser les régions et à diviser de facto le chômage.

“J’appelle à l’autonomisation financière des régions. Lorsqu’un gouvernement prend une décision, il doit en assumer les conséquences budgétaires. Qui paie, décide. Qui décide, paie. Dire ‘notre taux de chômage est plus élevé que la Flandre, mais cela n’affecte pas notre budget ou notre responsabilité parce que ce sont les autres qui paient’ n’est pas de la responsabilité. Donner du pouvoir aux gouvernements des régions les oblige à mettre en œuvre des réformes et des politiques saines”.

Non, il ne s’agit pas d’une déclaration du président de la N-VA, Bart De Wever, lors du grand débat présidentiel de Trends-Channel Z et Knack cette semaine. Ce sont les mots de Georges-Louis Bouchez, président du MR, lors de l’émission Puncheurs sur RTL-TVI. Georges-Louis Bouchez souligne ainsi que si un problème survient dans la politique d’activation d’une région, cela n’a que peu d’impact sur son budget.

Réduire le nombre de chômeurs profite surtout aux caisses fédérales

Le paiement des allocations de chômage – 6 milliards d’euros – est entièrement pris en charge par le gouvernement fédéral. Et pour le MR, cela doit changer. Si une région parvient à réduire le nombre de chômeurs, elle doit être récompensée : “Elle devrait récupérer une partie des économies réalisées par le gouvernement fédéral grâce à cette politique”, a déclaré le président du MR.

Aujourd’hui, une politique régionale de l’emploi, qui se montre efficace, profite essentiellement au Trésor fédéral. Moins de chômeurs signifie moins d’allocations, et celles-ci sont payées par le gouvernement fédéral. Plus de travailleurs, c’est plus de cotisations sociales qui alimentent les caisses fédérales de sécurité sociale. Le fait que les régions mènent des politiques d’activation audacieuses n’aura donc pas beaucoup d’impact sur elles. Elles en verront le résultat tout au plus via les fonds qu’elles reçoivent, car ceux-ci sont en partie liés à la capacité fiscale d’une région.

La régionalisation fait partie de la sécurité sociale

Georges-Louis Bouchez veut donc changer cette situation en instaurant une sorte de bonus-malus. Les gouvernements des régions qui obtiendront de bons résultats recevront des fonds supplémentaires, tandis que ceux qui n’atteindront pas les objectifs fixés devront payer eux-mêmes une partie des coûts liés à l’augmentation du chômage sur leur territoire. “Lorsqu’un gouvernement prend des décisions, il doit également en assumer les conséquences budgétaires”, a souligné M. Bouchez. Il s’agit donc d’un renforcement du pouvoir des régions, une revendication de longue date des nationalistes flamands de la N-VA. Plus encore, cela ouvre la porte à la scission des indemnités de chômage. M. Bouchez ne le dit pas ainsi, mais à terme, cela revient à diviser au moins une partie du budget des allocations de chômage. Il s’agit donc d’une régionalisation de cette branche de la sécurité sociale.

Des propositions similaires ont été lancées dans le passé. Et elles ne venaient pas non plus des nationalistes flamands. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) était et reste favorable à une sécurité sociale et une assurance chômage fédérales. Mais l’organisation patronale est favorable au transfert aux gouvernements régionaux des budgets d’indemnisation et d’orientation des chômeurs de longue durée (plus de deux ans).

Ouverture vers la N-VA

Le fait que Georges-Louis Bouchez présente cette proposition est surprenant car il s’est toujours présenté en faveur d’une Belgique unitaire. Néanmoins, il faut souligner que l’écart du taux d’emploi entre la Flandre (77%) et la Wallonie (65,2%) reste important.

Sur le plan politico-stratégique, la déclaration de Bouchez à 100 jours des élections est une ouverture vers la N-VA. Le libéral francophone sait qu’il a besoin du parti nationaliste flamand s’il veut mettre suffisamment d’accents de centre-droit dans un prochain gouvernement fédéral. Si cela nécessite un geste en faveur de la régionalisation, qu’il en soit ainsi, doit penser le président du MR.

Il faudra toutefois que beaucoup d’eau coule sous les ponts après les élections du 7 juin pour que Bouchez et le président de la N-VA, Bart De Wever, s’entendent. Le président du MR entretient des contacts avec un certain nombre de membres de la N-VA (Theo Francken en tête). Mais De Wever garde sa porte close. Le bourgmestre d’Anvers est toujours en colère parce que Bouchez a fait échouer un accord entre lui et le président du PS, Paul Magnette, à l’été 2020.

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