Plan de relance de l’UE: les Etats accusent les eurodéputés de blocage
Des Etats de l’UE, Allemagne en tête, accusent le Parlement européen de mettre en péril le plan de relance conclu au forceps par les Vingt-Sept, en raison de l’exigence des eurodéputés de conditionner l’attribution de fonds au respect de l’Etat de droit.
“Sans un accord général rapide entre le Conseil (qui représente les Etats membres, ndlr) et le Parlement européen” sur le cadre budgétaire 2021-2027, “nous courons le risque de retarder le plan de relance”, a prévenu vendredi l’ambassadeur allemand auprès de l’UE Michael Clauss, dans une déclaration transmise à la presse.
“Je suis extrêmement inquiet de voir que les négociations progressent en ce moment bien trop lentement. Nous devons accélérer fortement les négociations”, poursuit-il, précisant que les Etats proposaient aux eurodéputés de travailler “les week-ends”.
Après un sommet marathon, les Vingt-Sept s’étaient mis d’accord en juillet sur un plan de relance de 750 milliards d’euros, adossé au budget européen 2021-2027 en cours de négociations et censé débuter en janvier.
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Concernant le budget pluriannuel de l’UE, le Parlement européen juge son montant largement insuffisant. En outre, les eurodéputés réclament des garanties pour créer de nouvelles sources de revenus pour l’Union (taxe numérique, marché carbone…). Surtout, le Parlement exige que les subventions européennes soient conditionnées au respect par les Etats de l’Etat de droit (indépendance de la justice, liberté de la presse…), qui vise avant tout la Hongrie et la Pologne. Il s’agit d’une “ligne rouge” pour les responsables des principaux partis.
Or, “le cadre budgétaire et le fonds de relance sont politiquement et techniquement inséparables (…) Le temps presse”, s’alarme Michael Clauss. “Si les eurodéputés ne votent pas le budget, tout se plante et le plan de relance est mis en danger. Pas de relance sans cadre budgétaire: les éléments du plan de sauvetage de l’UE sont pris en otage par les élus”, abonde un autre diplomate européen interrogé par l’AFP.
Or, si des Etats pointent volontiers la responsabilité du Parlement, la question d’associer budget et Etat de droit divise aussi les Vingt-Sept: la Hongrie est notamment farouchement contre.
“Nous sommes en discussions intensives avec tous les Etats. Les négociations sont extrêmement compliquées”, a reconnu Michael Clauss, indiquant que Berlin, qui occupe jusqu’à décembre la présidence tournante de l’UE, fera “bientôt” une proposition, s’orientant davantage vers un mécanisme de sanctions pour mauvais usage des fonds européens.
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