Pieter De Crem claque la porte du CD&V après des accusations de discrimination

Pieter De Crem © BELGA

L’ancien ministre belge de la Défense, Pieter De Crem, a démissionné dimanche du poste de bourgmestre d’Aalter (Flandre orientale), à la suite d’accusations de discriminations systématiques visant les personnes d’origine étrangère souhaitant se domicilier dans sa commune. Ce lundi matin, il a annoncé son départ du CD&V, parti chrétien-démocrate flamand, dont il fut longtemps une figure de premier plan.

Des révélations, publiées par la VRT et De Morgen, avaient mis en lumière une pratique controversée : les habitants portant un nom à consonance étrangère se voyaient régulièrement imposer des délais beaucoup plus longs que les autres avant d’être inscrits au registre communal. Vendredi, l’agence flamande d’audit de l’administration et des pouvoirs locaux a confirmé le caractère discriminatoire de ces pratiques, conduisant la ministre flamande des Affaires intérieures, Hilde Crevits (CD&V), à ouvrir une enquête disciplinaire. Celle-ci est devenue sans objet du fait de sa démission

Egalité de traitement

Dans une lettre adressée aux habitants d’Aalter, Pieter De Crem n’a pas mentionné ces accusations, préférant insister sur son parcours : « Pendant trente ans, je me suis investi corps et âme, jour et nuit, pour notre magnifique commune prospère, florissante et sûre, où il fait bon vivre pour tous. Vous savez que j’ai toujours servi notre pays et notre commune avec dignité », a-t-il affirmé.

L’échevin Mathias Van de Walle doit lui succéder. Il assure que l’administration locale agit désormais « dans le respect total du cadre légal », ajoutant : « L’égalité de traitement est désormais le principe que nous appliquons. Il est temps de tirer un trait sur cette affaire. »

Déni et indifférenxe du CD&V

Mais l’opposition écologiste refuse de tourner la page. « Après des mois de déni et d’indifférence de la part du CD&V, la justice est enfin rétablie. Mais cela aurait dû se produire bien plus tôt », a dénoncé Mieke Schauvliege, cheffe de groupe Groen au Parlement flamand et leader de la section locale. Elle estime que Pieter De Crem « porte la responsabilité de nombreuses années de discrimination » et appelle à « des contrôles plus stricts et des sanctions claires pour les administrations locales ».

À l’inverse, le Vlaams Belang, parti d’extrême droite, a exprimé son soutien à l’ancien bourgmestre, illustrant les fractures politiques que suscite cette affaire en Flandre.

Lundi matin, Pieter De Crem a franchi une étape supplémentaire en annonçant qu’il quittait le CD&V. « Le parti n’offre plus aucune solution aux problèmes et défis auxquels la société est confrontée », a-t-il expliqué dans un communiqué. Sans renoncer à la vie publique, il a déclaré vouloir s’engager dans « une vraie réforme politique », avec une attention particulière aux élus locaux.

Le président du CD&V, Sammy Mahdi, ne s’est toujours pas exprimé sur son cas.

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