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Permis de bâtir, l’arme secrète contre la perte de pouvoir d’achat ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

C’était l’information économique de cette semaine : la banque centrale américaine a augmenté son taux d’intérêt directeur de 0.75%. C’est la plus forte hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis depuis 1994.

Il faut dire aussi que l’inflation est au plus haut depuis 40 ans. En Europe, les taux sont aussi à la hausse, trop d’ailleurs pour certains pays comme l’Italie. La preuve, c’est que la banque centrale européenne a organisé une réunion exceptionnelle pour voir ce qu’il était possible de faire pour éviter une pression sur la dette publique de pays très endettés et donc très fragiles comme l’Italie. L’Italie, ce n’est pas seulement le pays de nos vacances d’été, c’est aussi la 3e puissance économique de la zone euro et donc la banque centrale européenne surveille ses taux comme le lait sur le feu.

Pendant ce temps, les titres des médias économiques sont alarmistes. Les uns scrutent les indices boursiers qui s’enfoncent dans le rouge vif, les autres constatent que les crypto-monnaies sont prises dans un vent de panique : le bitcoin est à son plus bas niveau depuis la fin 2020. Tout cela est juste la preuve que les bulles de la période covid sont en train d’éclater les unes après les autres. L’Ancien Monde fait place au nouveau. Tout le monde doit s’habituer à l’inflation. Bien entendu, il y a une partie conjoncturelle qui va disparaitre, nous l’espérons tous, d’ici quelques mois et c’est cette partie qui est liée aux goulots d’étranglement de certaines marchandises à cause de la politique de zéro-covid du gouvernement chinois. Mais il y a aussi une partie de l’inflation qui va rester, qui, elle, sera structurelle. Nous avons tous constaté que fabriquer des produits au bout du monde, c’est bien pour les coûts, mais cela nous rend dépendant de pays pas très démocratiques comme la Chine ou la Russie. En plus, avec le réchauffement climatique à nos portes, nous avons enfin compris que nous ne payons pas le vrai prix de nos produits et aliments, car nous ne tenons pas compte du coût carbone lié au transport de ces produits. Donc, c’est clair, la plupart des entreprises vont se rapprocher de leurs marchés de consommation, la mondialisation va faire place à une forme de régionalisation. Les productions se feront de manière plus proche et donc tous nos produits vont automatiquement coûter plus cher. Certaines entreprises seront prises dans une sorte d’effet ciseau entre leurs coûts qui augmentent notamment salariaux et leur difficile répercussion auprès des consommateurs.

C’est pour ça que si on veut aider ces entreprises et leurs salariés à passer le cap de cette transition vers une société plus inflationniste, les villes et les communes doivent faciliter l’octroi de permis de bâtir ! Vous allez me dire, mais qu’est-ce que ça à avoir avec l’inflation ? Mais justement, beaucoup : le poste de dépense le plus élevé pour les ménages reste de loin le poste logement. Or, ce poste, il est possible de réduire son coût en octroyant plus de permis de bâtir au secteur de la construction privé, ce qu’on ne fait absolument pas depuis des années ni en Belgique ni en France. Plus de permis de bâtir, c’est plus de logements et donc une pression à la baisse des prix de l’immobilier, et donc c’est de la marge de pouvoir d’achat pour les ménages qui pourront mieux encaisser les autres hausses inéluctables de prix. N’oublions pas que ce que les gens veulent acheter le plus, c’est leur propre avenir.

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