Master en médecine, budget fédéral : politiques à la petite semaine, au bord du gouffre

Georges-Louis Bouchez (MR) et Paul Magnette (PS). © belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles sauvé après un accord improbable sur le Master en médecine à l’UMons. Le fédéral coince sur son ajustement. On s’étripe sur des “détails”, alors qu’il y a le feu…

Voilà ce qui se nomme un accord à la petite semaine. Les partenaires de la majorité en Fédération Wallonie-Bruxelles ont réussi à trouver un accord à l’arraché, ce week-end, après des semaines de blocage au sujet de la création d’un Master en médecine à l’UMons, qui le réclamait avec force.  Le PS se réjouit, le MR a cédé : le Master verra bien le jour. Mais les libéraux ont obtenu en retour que cette évolution ne soit pas financée en tant que telle et qu’elle soit mieux encadrée. Et chacun de défendre une victoire obtenue à la Pyrrhus…

Cet accord fait écho aux laborieuses négociations en cours au fédéral sur l’ajustement budgétaire. Alors que tous les organismes belges et internationaux tirent la sonnette d’alarme sur l’avenir d’une Belgique potentiellement en faillite, les sept partis de la majorité peinent à s’accorder sur l’essentiel. A défaut, on se déchire sur l’accessoire.

Un débat anachronique

En Fédération Wallonie-Bruxelles, tout ça pour ça ? Sans doute faut-il saluer que le gouvernement ne tombe pas, ouvrant une période d’instabilité politique préjudiciable, car cela aurait déstabilisé les autres niveaux de pouvoir, Wallonie et Bruxelles en tête. Mais il y a un décalage ahurissant entre le caractère psychodramatique de cette crise politique et les priorités de l’heure : le renouveau de la Wallonie, le développement de filières d’avenir, l’augmentation du taux d’emploi, la formation…

Il y a, aussi, quelque chose d’anachronique à évoquer l’absolue nécessité de créer une filière en médecine à Mons alors qu’il en existe déjà ailleurs dans notre petite Wallonie, à l’époque des formations sans frontières. En outre, on en débat comme si cela allait résoudre le problème, certes important, de la pénurie des médecins, alors que le problème principal réside dans le numerus clausus du fédéral.

Un combat de coqs

Le problème était sans doute ailleurs, dans un combat de coqs entre deux formations politiques, PS et MR, à couteaux tirés. Et, plus précisément, entre deux présidents de parti, Paul Magnette et Georges-Louis Bouchez, qui ne savent plus se supporter, avec le coprésident d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, en tant qu’observateur sage et consterné. Le tout dans un Hainaut qui est le théâtre de la joute politique majeure en vue de 2024, en plus d’être accessoirement une région sinistrée.

Socialistes et libéraux doivent marquer leur territoire dans un contexte politique morcelé et polarisé. Tous deux semblent préparer le terrain à une rupture après le prochain scrutin, pour autant… qu’elle soit mathématiquement possible, leur cohabitation forcée devant sans doute se prolonger si la progression des extrêmes, annoncée par les sondages, se confirme. Mais les deux partis semblent à mille lieues des préoccupations majeures de notre époque.

Le fédéral suspendu au PS

Au fédéral, les combats de coqs à sept se multiplient dans le cadre du conclave budgétaire. Là aussi, la polarisation entre socialistes et libéraux tient la corde. Les premiers sont prêts à faire un (petit) effort supplémentaire, mais ne veulent pas revenir sur les acquis sociaux de la législature, notamment l’augmentation de la pension minimum. Les seconds veulent revenir sur la dernière tranche, mais refusent toute évolution fiscale susceptible d’impacter l’économie (ou les puissants).

Les écologistes, eux, essaient de rappeler comme ils le peuvent l’importance de l’enjeu climatique…

En toile de fond, les réformes socio-économiques de fond – fiscalité, pensions, marché de l’emploi – ont peu de chance d’aboutir d’ici fin de semaine. Là encore, on reste dans un accord “à la petite semaine”. Et après ? Place à la campagne en vue de 2024 ? Après nous, les mouches ?

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