Marges historiques des entreprises et marge salariale nulle: de l’huile sur le feu social

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les syndicats dénoncent ces deux informations qui se téléscopent. Même si des nuances s’imposent, cela augmente la grogne avant la grève nationale du 9 novembre.

Le téléscopage de certaines informations est de nature à susciter l’indignation, et c’est certainement le cas cette semaine en matière sociale.

La Banque nationale a annoncé que la marge bénéficiaire des entreprises belges atteint des records: 45,2% au deuxième trimestre 2022. Cela ne vaut évidemment pas pour toutes les sociétés, notamment les plus petites qui subissent de plein fouet la crise énergétique, tadis que certains secteurs (pharma, immobilier) s’en sortent bien mieux que l’industrie grosse consommatrice d’énergie. De même, cela ne tient pas encore en considération l’intégralité de ce choc énergétique, ni l’indexation automatique des salaires qui arrive en janvier. Mais cela est évidemment épinglé par la FGTB.

D’autant que l’information survient alors que le Conseil centrale de l’économie (CCE) s’apprête à publier un rapport selon lequel la marge salariale serait… inexistante pour les deux prochaines années. L’écart salarial avec les pays voisins serait de l’ordre de quelque 6%, ce qui mine la compétitivité des entreprises. Selon les syndicats, le calcul serait biaisé. La FGTB conteste ce « handicap salarial » belge tel qu’il est calculé aujourd’hui, notamment parce que les milliards de subsides salariaux accordés aux entreprises, précisément pour sauvegarder leur compétitivité, ne sont pas pris en compte.

En retour, les entreprises épingleront cette indexation automatique de l’ordre de 10% qui surviendra en janvier pour quelque 800000 travailleurs – un système dont ne dispose pas les pays voisins.

Toujours est-il que du côté syndical, c’est la soupe à la grimace. La FGTB « ne signera aucune convention à 0% d’augmentation de salaires pour tous les salariés« : « Nous ne validerons pas le blocage salarial en cette période de crise profonde, qui touche tous les ménages. Alors même que les surprofits et la marge bénéficiaire des entreprises belges sont historiquement élevés. »

Cela survient alors que la grogne monte dans la perspective de la grève nationale du 9 novembre. Toutes ces informations attisent évidemment la flamme sociale.

Sur le banc patronal, on se réjouira de cette perspective de modération salariale, après un accord budgétaire fédéral qui a dégagé un milliard pour soulager l’ardoise des hausses salariales via une réduction de charges.

Ce jeudi soir, le Groupe des Dix se retrouve pour évoquer la répartition de l’enveloppe bien-être. Les discussions s’annoncent épicées. Le désaccord annoncé entre partenaires sociaux sur les salaires va, lui, renvoyer la patate chaude aux politiques, avec un PS déterminé à dégager une marge salariale. Un nouveau dossier chaud à venir.

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