L’UE se met en ordre de bataille pour répliquer aux subventions américaines

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen © Belgaimage

L’Union européenne se prépare à soutenir massivement ses industriels face à la flambée des prix de l’énergie et aux aides d’État chinoises et américaines, même si de nouveaux financements de l’UE semblent écartés à court terme.

Les Européens craignent que les industriels désertent l’UE pour investir aux États-Unis ou en Chine, où l’énergie est meilleur marché et les aides d’États abondantes. L’Europe n’a plus accès à l’énergie bon marché de la Russie, en raison de la guerre en Ukraine.

Protectionnisme américain

La pression sur les industriels européens est accrue par le plan adopté cet été par Washington qui prévoit 370 milliards de dollars d’investissements en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Derrière l’objectif environnemental, il revêt un caractère protectionniste, avec des aides réservées aux firmes implantées outre-Atlantique.

Les Chinois sont accusés depuis longtemps de soutenir leur industrie par le biais de subventions massives.

“Nous travaillons à l’adaptation des règles relatives aux aides d’État”, a expliqué le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, soulignant que sa collègue à la Concurrence Margrethe Vestager avait contacté les États membres pour engager le débat.

“Nous avons besoin d’une réponse européenne forte”, a-t-elle écrit vendredi dans une lettre aux Vingt-Sept, tout en reconnaissant des risques pour le marché unique qui pourraient toutefois être compensés par des financements européens.

“Nous devons examiner la possibilité d’un fonds de souveraineté pour les investissements dans des projets importants”, a de son côté plaidé Charles Michel, le président du Conseil européen, instance qui représente les 27 États membres, dans une tribune publiée dimanche.

Cette idée, qui repose sur des financements mutualisés à l’échelle de l’UE, avait déjà été formulée par le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Elle se heurte toutefois à l’hostilité de nombreux pays membres, dont l’Allemagne, des contributeurs nets au budget européen inquiets de voir encore enfler leur facture. La mise en place d’un financement commun prendra du temps, a reconnu lundi soir le commissaire à l’Economie Paolo Gentiloni lors d’une conférence de presse. “Ce n’est pas pour demain”, a-t-il dit.

Mme von der Leyen s’était montrée évasive vendredi lors d’une visite en Suède, un pays idéologiquement hostile aux interventions étatiques, qui occupera jusqu’en juin la présidence du Conseil de l’UE. “Nous devons créer des outils de financement crédibles et ambitieux”, avait-elle expliqué, indiquant travailler d’abord “à une évaluation des besoins”. Dans un premier temps, l’argent européen devrait se limiter à la réutilisation de fonds existants, reconnaissent des diplomates.

“Concurrence loyale”

Les Vingt-Sept cherchent à se coordonner avant un sommet européen des chefs d’État et de gouvernement les 9 et 10 février. A la mi-décembre, ils avaient mandaté la Commission européenne pour faire des propositions d’ici à la fin janvier. Plusieurs États de l’UE redoutent une guerre commerciale avec les États-Unis et souhaitent privilégier les discussions en cours entre Bruxelles et Washington pour obtenir une prise en compte des intérêts européens.

D’autres s’inquiètent que la course aux subventions dans l’UE profite aux pays les plus grands et les plus riches, comme l’Allemagne et la France. Ces deux pays ont représenté respectivement 53% et 24% des aides d’État notifiées à Bruxelles depuis que leur cadre a été assoupli afin de répondre à la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19. “Je pense qu’il est important que nous respections le marché unique dans tous ses aspects. Les règles en matière d’aides d’État sont là pour garantir une concurrence loyale”, a souligné lundi le ministre irlandais des Finances Michael McGrath.

Malgré tout, “il y a un consensus en Europe sur le fait que les procédures relatives aux aides d’État doivent être plus rapides, plus simples et plus flexibles”, a souligné Thierry Breton.

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