Lithium, cobalt, nickel: l’Europe sera obligée d’importer 70% de ses besoins en minerais

En 2030, l’Europe ne produira pas plus de 30% de ses besoins en minerais stratégiques pour les batteries électriques de la transition énergétique, tels que lithium, cobalt ou nickel qu’elle sera obligée d’importer largement, indique lundi un rapport remis au gouvernement français.

“D’une manière générale, les taux de dépendance resteront élevés, même à l’horizon 2030 sur l’ensemble de l’Europe: seulement 20 à 30% des besoins” en nickel, lithium, ou cobalt nécessaires aux batteries et installations électriques, “pourraient être produits par des fournisseurs européens”, a déclaré à la presse l’industriel français Philippe Varin, auteur de ce rapport sur la “sécurisation de l’approvisionnement en matières premières minérales”.

“L’Union européenne est clairement en retard sur la Chine qui a pris 20 ans d’avance” sur le contrôle de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en minéraux et métaux stratégiques afin de sortir de la dépendance aux énergies fossiles, a dit M. Varin lors d’un briefing téléphonique avec la presse.

Face aux projets annoncés de construction de 38 gigafactories de batteries électriques dans toute l’Union européenne, le risque de pénurie de matériaux critiques pour les alimenter est donc jugé “préoccupant” par l’auteur du rapport.

Or pour l’UE, la mobilité électrique, en remplacement des moteurs thermiques, est cruciale, “car le transport émet 30% des gaz à effet de serre” des 27 pays, a-t-il expliqué.

Trois recommandations pour la France

Dans la foulée, le gouvernement français a immédiatement annoncé la mobilisation “d’une enveloppe d’un milliard d’euros” – 500 millions en aides d’Etat, subventions et avances remboursables, et 500 millions pour constituer un fonds d’investissement, destinée à “renforcer la résilience du tissu industriel sur les chaînes d’approvisionnement en métaux”.

M. Varin, ancien président de France Industrie, l’organisme qui rassemble toutes les branches de l’industrie française, avait été chargé de son rapport d’évaluation à l’automne dernier.

A l’attention du gouvernement français, le rapport émet trois recommandations:

  • mettre en place un fonds d’investissement public-privé pour sécuriser l’approvisionnement en métaux critiques des trois gigafactories de batteries prévues à ce jour sur le sol français (qui devraient permettre la production de l’équivalent de 200 GWh d’énergie). Ce fonds “pourra prendre des positions minoritaires auprès de miniers chevronnés” a dit M. Varin.
  • Mais aussi mettre en place deux plateformes industrielles en France, l’une à Dunkerque (nord) pour les métaux, l’autre à Lacq (sud-ouest) pour les aimants, pour le raffinage, la fabrication des précurseurs des batteries (cathodes, anodes), la formation, ainsi que le recyclage.
  • Enfin, mettre en place une “feuille de route” entre industriels et chercheurs, notamment le CNRS et le Commissariat à l’Energie atomique (CEA) pour lancer des “démonstrateurs industriels” sur le raffinage notamment.

“La filière lithium va être la plus innovante, c’est le domaine dans lequel l’innovation (des industriels pour l’extraction, NDR) est le plus important”, notamment pour le lithium issu de géothermie dont il existe des gisements à la frontière entre la France et l’Allemagne, a dit M. Varin.

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