Letta : “L’Italie se meurt par la faute de la seule austérité”

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L’austérité prônée par l’Allemagne est plus que jamais mise en cause dans l’UE après des critiques virulentes de socialistes français et l’aggravation de la crise en Espagne et en Italie, où le nouveau chef du gouvernement Enrico Letta a jugé que la relance ne pouvait plus attendre.

“L’Italie se meurt par la faute de la seule austérité. Les politiques en faveur de la relance ne peuvent plus attendre”, a déclaré M. Letta dans un discours-programme très attendu de ses partenaires européens et des marchés, inquiets de voir la troisième économie européenne s’enfoncer dans la récession.

M. Letta, qui effectuera mardi à Berlin sa première visite de chef de gouvernement à l’étranger, a assuré que l’Italie allait respecter “ses engagements” européens, mais il espère que cette attitude permettra à son pays d'”avoir une marge de manoeuvre” dans ses négociations avec l’UE pour financer des politiques de relance. Il avait reçu dès dimanche l’appui du président François Hollande, pour qui la France et l’Italie doivent “conjuguer leurs efforts” car “l’Europe doit plus que jamais se mobiliser pour retrouver la croissance”.

Dans la ligne de mire des deux responsables: la politique allemande, alors que les indicateurs confirment que le sud de la zone euro ne retrouvera pas la croissance après une courte cure d’austérité nécessaire pour retrouver leur compétitivité, comme l’espérait Berlin.

Mais, dans sa volonté de construire une “tension amicale” avec Angela Merkel comme il l’avait plaidé fin mars, le président français se retrouvait embarrassé lundi par les déclarations belliqueuses ces derniers jours de responsables de son parti, à l’image du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, appelant à une “confrontation” avec Mme Merkel.

L’exécutif français s’efforçait lundi, dans un difficile numéro d’équilibriste, de rassurer sur la solidité du couple franco-allemand sans nier ses différences de vues avec Berlin. “Le débat oui, le pugilat non”, synthétisait le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius alors que la droite pilonnait François Hollande pour sa “responsabilité personnelle dans la dégradation continue et consternante de la relation franco-allemande”.

Si Berlin faisait mine d’ignorer ces critiques, en soulignant que ce “qui compte pour nous, c’est l’action du gouvernement français”, avec la poursuite d’une politique de réformes et de réduction des déficits, de fait l’Allemagne se retrouve bien au centre des appels à davantage de souplesse budgétaire, émis aussi bien par les Etats-Unis, le FMI ou même la Commission européenne.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, devait être une nouvelle fois confronté à cette demande lors d’une rencontre avec le ministre espagnol de l’Economie, Luis de Guindos, lundi à Grenade (Espagne). L’Espagne, plongée dans la récession et avec un taux de chômage record de 27%, a admis vendredi qu’il lui faudrait deux ans supplémentaires pour redresser ses finances. Mais M. Schaüble refuse de servir de bouc émissaire. “C’est une tentation humaine de rejeter ses propres problèmes sur les autres, en ce moment l’Allemagne est particulièrement visée. C’est n’importe quoi”, a-t-il déclaré jeudi. Pour la presse allemande, les attaques contre la chancelière s’expliquent par la perspective des élections législatives allemandes dans cinq mois.

“Le 22 septembre, les Allemands ne voteront pas que sur la composition du prochain Parlement, mais aussi sur le sort de nombre d’autres pays. C’est pourquoi l’Europe veut se mêler à la campagne électorale allemande”, suggère le Süddeutsche Zeitung (centre gauche). Il faut donc s’attendre à voir se multiplier les attaques à l'”emporte-pièce”, où la chancelière allemande sera décrite comme une personne “refusant l’argent” à des “Etats en crise qui n’auraient besoin que d’un bon plan de relance pour sortir de l’ornière”.

Ces attaques “aideront Merkel (car) les Allemands sont dans leur grande majorité sceptiques face aux plans d’aide et plébiscitent la politique de la chancelière”, rappelle le quotidien bavarois.


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