Les travailleurs immigrés, locomotives des flux migratoires vers les pays de l’OCDE

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Les mouvements migratoires ont fortement rebondi en 2021, tirés en particulier par l’immigration de travail vers les pays de l’OCDE, où sept immigrés sur dix ont un emploi, selon le rapport annuel de l’organisation économique publié lundi.

Après une année 2020 de baisse record des flux en raison de la pandémie de Covid-19, “la migration permanente vers les pays de l’OCDE a rebondi de 22% en 2021“, avec 4,8 millions d’entrées, a indiqué l’Organisation de coopération et de développement économiques dans le document consacré aux migrations internationales.

Une inversion de tendance “due à un fort rebond de l’activité économique, à la réouverture des frontières, à l’augmentation des besoins de main d’oeuvre et à la reprise des délivrances de visas”, estime le directeur de l’Emploi, du travail et des affaires sociales Stefano Scarpetta.

La courbe devrait s’envoler en 2022, année marquée par la guerre en Ukraine qui a généré la plus rapide crise des réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, avec plus de cinq millions d’entrées dans les seuls pays de l’OCDE, prévient l’organisation.

Dans une période où “les pénuries de main d’oeuvre (…) se profilent dans de si nombreux secteurs”, les Etats devraient faciliter l’accès des réfugiés ukrainiens au marché du travail, insiste à cet égard M. Scarpetta.

1 million de travailleurs ukrainiens ?

L’organisation estime qu’entre “850.000 et 1,1 million d’Ukrainiens en âge de travailler vont intégrer le marché du travail en Europe d’ici la fin 2022”, a abondé le secrétaire général de l’OCDE Mathias Cormann, lors d’une conférence de presse.

La plupart de ces Ukrainiens devraient trouver un emploi en Pologne, en République Tchèque et en Estonie, a poursuivi M. Cormann, appelant la communauté internationale à “améliorer l’intégration” de ces travailleurs “qualifiés”.

En attendant que les effets de cet afflux puissent être mesurés, l’année 2021 a déjà amorcé une forte accélération des mouvements, souligne le rapport de l’OCDE, avec des flux qui flirtent avec les niveaux pré-Covid sans les atteindre: entre 2017 et 2019, 5,3 millions de personnes en moyenne étaient entrées chaque année dans les pays de l’OCDE.

L’an dernier, les Etats-Unis ont conservé leur rôle de locomotive en accueillant 834.000 personnes, soit 43% de plus qu’en 2020.

Dans l’ensemble des pays, c’est l’immigration de travail qui a tiré la reprise, avec une augmentation de 45% de ces entrées sur un an, soit 750.000 travailleurs immigrés supplémentaires (dont 300.000 dans l’Union européenne), le plus haut niveau depuis une décennie.

Sept immigrés sur dix (69,4%) avaient un emploi en 2021, seulement 0,5 point en-deçà du niveau d’avant-crise sanitaire, relève l’organisation, précisant que “dans près de la moitié des pays de l’OCDE, les immigrés ont retrouvé ou dépassé le niveau d’emploi d’avant-crise”.

Besoins de main d’oeuvre étrangère

La France fait partie de ces pays, avec un taux d’emploi de 61% (+1,3%).

“Les signaux sont orientés dans le bon sens en France, avec un taux d’emploi à un niveau élevé. Il y a un besoin de main d’oeuvre à tous les étages, notamment dans les emplois précaires où on a des pénuries, comme dans la restauration. C’est une opportunité qu’il faut être capable de saisir”, commente Jean-Christophe Dumont, chef de la division Migration de l’OCDE.

Ce dernier relève que la France est “un des rares pays où les femmes immigrées ont vu leur nombre d’heures travaillées augmenter”, point noir dans nombre d’autres pays.

Le fort rebond de l’immigration de travail coïncide avec les besoins de main d’oeuvre du moment, en particulier dans l’agriculture, le tourisme ou encore le BTP et les services à la personne, ce qui a forcé de nombreux Etats à faciliter les déplacements pour motifs de travail et signer des accords bilatéraux avec des pays tiers, relève l’OCDE.

L’acheminement de travailleurs saisonniers a ainsi augmenté de 18% dans l’ensemble des pays, avec des pics au Royaume-Uni (+311%) et en France (+160%).

L’immigration familiale, qui reste la première cause de déplacement, ainsi que les demandes d’asile (plus d’un million de personnes, en premier lieu originaires du Nicaragua, d’Afghanistan et de Syrie), ont également augmenté respectivement de 39% et 28% en 2021.

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