Les signaux positifs se multiplient pour l’économie italienne

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Prévisions de croissance revues à la hausse, confiance des entreprises à son plus haut niveau depuis 2007, relèvement de sa note par S&P: les signaux positifs se multiplient pour l’économie italienne, même si des fragilités demeurent, comme le chômage toujours élevé.

Dans les milieux économiques, la nouvelle a autant surpris que ravi: S&P Global Ratings a relevé vendredi la notation de l’Italie d’un cran, à “BBB”, un fait inédit depuis que l’agence a commencé à évaluer la péninsule en 1988.

Et toutes agences de notation confondues, le dernier relèvement de note remontait à… 2002.

Le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, s’est refusé à tout triomphalisme mais a évoqué une décision “encourageante car elle influe sur l’image du pays” et donc sur les possibles investissements.

Troisième économie de la zone euro, l’Italie sort d’années de tourmente. Après deux ans de récession, elle a renoué en 2014 avec une croissance minuscule (+0,1%), qui a péniblement atteint 0,8% et 0,9% en 2015 et 2016, soit moitié moins que la moyenne de la zone euro.

Mais les perspectives semblent désormais un peu plus roses. La croissance devrait atteindre cette année 1,3%-1,4%, selon diverses prévisions récemment revues à la hausse.

Et de nombreux autres indicateurs sont dans le vert, comme la confiance des entreprises, qui a atteint en octobre son plus haut niveau depuis juin 2007, les commandes à l’industrie en plein de boom (+12,2% en août) et la production industrielle (+2,9% sur les huit premiers mois de 2017).

Hausse de l’export

Ainsi en Vénétie, “cela fait une vingtaine de mois que les chiffres s’améliorent”, confirme à l’AFP Agostino Bonomo, président de l’association régionale des artisans (Confartigianato), en soulignant que les entreprises qui en profitent sont celles qui exportent, comme l’agroalimentaire ou les machines.

Alors que pendant la crise les entreprises “naviguaient à vue”, elles ont désormais en moyenne des commandes pour six à sept mois.

Mais souligne M. Bonomo, celles plus centrées sur le marché intérieur, comme la construction, “souffrent toujours”.

Et “seules celles ayant compris que nous nous trouvions dans une période de grande transformation et qui ont investi massivement durant la crise, dans l’innovation et les technologies” en récoltent aujourd’hui les fruits.

Une évolution encouragée par le plan Industrie 4.0 lancé il y a un an par le ministre du Développement économique, Carlo Calenda.

Selon Andrea Sianesi, doyen de l’école de commerce de Polytechnique (MIP Politecnico) à Milan, c’est d’ailleurs ce plan qui constitue “la clé de voûte de l’évolution positive” constatée aujourd’hui.

“Pour la première fois depuis de nombreuses années, on a recommencé à parler de politique industrielle en Italie, avec l’idée de faire des investissements ciblés. Les mesures de financement ont remis l’industrie en mouvement”, se félicite-t-il.

Bureaucratie

La réforme du marché du travail a en outre apporté “une bouffée d’oxygène en terme de flexibilité”, selon M. Sianesi.

Alors que les difficultés des banques limitaient l’accès au crédit, le sauvetage de la BMPS et des banques vénitiennes constitue également un pas en avant, tandis que l’économie italienne profite de la politique monétaire expansive de la Banque centrale européenne (BCE).

Mais les défis à surmonter restent nombreux, depuis les inégalités géographiques jusqu’au taux de chômage, qui reste extrêmement élevé (11,1%) avec une situation dramatique chez les jeunes (35,7% chez les 15-24 ans).

Et ce d’autant que le pays pourrait de nouveau connaître une instabilité avec les élections législatives prévues début 2018.

Pour l’année prochaine, Rome a prévu des mesures de soutien au Sud et en faveur de l’embauche des jeunes, via des incitations fiscales.

Mais le grand défi à résoudre, d’après M. Bonomo, est “la bureaucratie qui, avec toutes ses strates et ses demandes incroyables, rend la vie des entrepreneurs difficile”, tout comme l’empilement de lois et la justice, très longue à trancher en cas de conflit commercial.

Si l’Italie est passée en cinq ans du 87e au 50e rang mondial dans l’indice de la Banque mondiale pour la facilité à faire des affaires, elle reste ainsi encore derrière des pays comme l’Arménie ou la Géorgie.

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