Les plus grands risques mondiaux, selon le Forum économique mondial
Climat, désinformation et manipulation, polarisation de la société… selon le Forum économique mondial, de graves menaces pendent au nez du monde. Voici les plus importantes d’entre elles, à court et à moyen terme, et quelques solutions.
Guerres et tensions géopolitiques, dérèglement climatique, conflits économiques… voilà quelques risques qui peuvent nous venir à l’esprit quand on pense aux menaces qui pèsent sur le monde, l’économie, les entreprises et les populations et aux catastrophes qui pourraient arriver. Mais ce sont loin d’être les seuls, montre le Global Risks Report du Forum économique mondial (FEM) et de la société de gestions de risques Marsh McLennan, publié ce mercredi.
Il “alerte sur un paysage des risques mondiaux dans lequel les progrès du développement humain s’étiolent progressivement, laissant les états et les individus vulnérables aux risques nouveaux et résurgents. Dans un contexte de changements systémiques de la dynamique mondiale de l’énergie, du climat, de la technologie et de la démographie, les risques mondiaux poussent la capacité d’adaptation du monde dans ses retranchements”, note le rapport en guise d’introduction.
Et d’ajouter : “La coopération sur les questions urgentes à l’échelle mondiale pourrait être de plus en plus limitée, ce qui nécessiterait de nouvelles approches pour gérer les risques.” Des prévisions somme toute assez pessimistes, à en croire le rapport : “Les résultats mettent en évidence des perspectives majoritairement négatives pour le monde à court terme, et qui devraient empirer à long terme. Si près des deux tiers des experts mondiaux anticipent une forte probabilité de catastrophes mondiales au cours des dix prochaines années, cela devrait se produire au cours des deux prochaines années pour 30 % d’entre eux.”
Le risque numéro 1
Mais quels sont donc ces risques qui pèsent sur le monde, sur un horizon de deux ans ? Le premier est la désinformation et la manipulation de l’information, note le rapport. C’est-à-dire le fait de faire circuler des fausses informations, dans un but d’atteindre un objectif politique, souvent. Elles peuvent créer un climat délétère et faire en sorte que la population vote pour le candidat qui propose des solutions faciles, par exemple. Avec l’IA, qui peut rédiger des textes et créer des images ou des vidéos (notamment des deep fakes, des vidéos où une IA fait dire ce qu’on veut à une personnalité publique), les risques de manipulation sont encore plus importants.
C’est aussi dans un contexte de crise “persistante” du coût de la vie et de “polarisation de la société” que le FEM évalue ces risques. Mais aussi dans un cadre de conditions météorologiques extrêmes, et de leurs conséquences qui ne vont qu’en s’aggravant. C’est en effet un terreau fertile pour la propagation de fausses nouvelles. Surtout que cette année, de nombreuses élections importantes auront lieu, comme aux États-Unis, en Europe ou en Inde. 75% du PIB mondial sont appelés aux urnes.
Comment y répondre ? Vérification sur les réseaux sociaux, vérification des informations… tant de pistes ont déjà été avancées. Pour Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial, il faudrait s’attaquer à la source du problème, notamment ce terrain fertile où les fausses nouvelles poussent comme des champignons. “Les leaders mondiaux doivent s’unir pour faire face aux crises à court terme et poser les bases d’un avenir plus résilient, durable et inclusif.” Le rapport souligne aussi l’apprentissage du numérique à la population, pour qu’elle soit mieux armée pour distinguer l’information de la manipulation.
Autres risques à court terme
En deuxième place des risques sur deux ans, le FEM souligne les événements météorologiques extrêmes. Inondations, vagues de chaleur ou de froid, tornades et tempêtes, feux de forêts… selon de nombreuses études, ces événements deviennent en effet plus extrêmes et plus fréquents avec le réchauffement climatique. Pour clore le podium, il y a la polarisation de la société.
Suivent la cyberinsécurité et les conflits armés entre pays. “Avec plusieurs conflits actifs en cours, les tensions géopolitiques sous-jacentes et le risque de détérioration de la résilience sociétale engendrent une contagion des conflits”, estime le rapport.
Puis le manque d’opportunités économiques : “Les pays sujets aux conflits ou vulnérables au climat pourraient être de plus en plus isolés des investissements, des technologies et de la création d’emplois connexes. En l’absence de voies d’accès à des moyens de subsistance sûrs, les individus peuvent être davantage enclins à la criminalité, à la militarisation ou à la radicalisation”, selon le rapport.
Les risques qui clôturent le top 10 : l’inflation, la migration involontaire, le ralentissement économique et la pollution.
Risques à long terme
Sur un horizon de dix ans, ce sont surtout les risques environnementaux qui dominent le paysage. Par exemple les conditions météorologiques extrêmes, les changements critiques des systèmes terrestres, la perte de biodiversité et l’effondrement de l’écosystème, les pénuries de ressources naturelles et la pollution. Ils se classent en première, deuxième, troisième, quatrième et dixième position.
Ce risque ne vient pas tout seul. Au-delà de la menace réelle que représentent ces éléments pour le monde, il y a un problème de prise en compte de l’urgence, notamment au sein du secteur privé, montre l’étude. Les personnes interrogées imaginent que les risques ne se matérialiseront que plus tard que ce qu’imaginent la société civile ou les gouvernements. “Ce qui indique un risque croissant de franchir un point de non-retour”, avertit le rapport.
Les autres risques du top 10 sont la désinformation, les résultats indésirables des technologies de l’intelligence artificielle, la migration involontaire, la cyberinsécurité et la polarisation de la société.
Comment répondre à toutes ces menaces ? Le rapport recommande plusieurs choses. Mais notamment de mettre en place un “garde-fous pour les risques émergents les plus perturbateurs”, dont l’utilisation de l’IA dans la prise de décisions lors de conflits. Pour les risques environnementaux, il met l’accent sur la recherche et le développement de technologies climatiques qui peuvent accélérer la transition. Technologies qui, selon de nombreux chercheurs, doivent aussi aller de pair avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voilà en tout cas ce qui pourrait être au menu au Forum de Davos, qui se tient du 15 au 19 janvier.
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