Les perspectives économiques de la Belgique pour 2024 et 2025 : un prudent optimisme

Baptiste Lambert

L’économie belge a poursuivi sa croissance au 2e trimestre, selon le Service d’analyse économique de l’IRES, qui publie ses perspectives économiques dans la revue Regards économiques. L’économie de notre pays bénéficie davantage du contexte international, que de la demande intérieure.

Les chiffres

Les perspectives économiques sont dans le vert. La croissance belge augmente de 0,3% par trimestre depuis quatre trimestres et devrait rester semblable dans les prochains trimestres. Au bout du compte, la croissance du PIB devrait tourner autour de 1,3% en 2024 et 2025. Peut-être davantage en fonction du contexte international : il y a 27,5% de chances que la croissance puisse se situer entre 1,5 et 1,9% cette année, écrivent les chercheurs de l’IRES.

Comparativement, la Belgique ferait mieux que la zone euro (0,8%) cette année, mais un peu moins bien l’année prochaine (1,5%). On rappellera toutefois que notre pays a fait beaucoup mieux que le bloc économique européen l’année dernière, avec 1,4% de croissance contre 0,6%. La zone euro accuse toujours un lourd retard par rapport aux États-Unis, dont la croissance devrait être 2,5% en 2024 et encore 2% en 2025.

Les prévisions de croissance d’avril 2024 et juillet 2024 – Credit : Regards économiques / Ires.

Après s’être tassé au premier trimestre, le nombre d’emplois repartirait à la hausse, d’environ 70.000 unités entre fin 2023 et fin 2025. On reste néanmoins loin des chiffres de 2022, où 100.000 emplois avaient été créés. Le nombre de demandeurs d’emploi augmenterait de 21.000 unités entre fin 2023 et fin 2025. Il n’y aura donc pas d’envolée du chômage, dont le taux était, en mai 2024, à un faible de 5,8% pour l’ensemble du pays.

L’inflation était hausse, à 3,7% en juin, le taux le plus important de toute la zone euro. Sur l’ensemble de l’année, l’inflation devrait se porter à 3,1% en 2024 et 2,2% en 2025. La baisse est plus lente que prévu : pas de retour à l’objectif d’inflation avant l’année prochaine.

Enfin, à politique inchangée, le déficit budgétaire des administrations publiques atteindrait 4,8% en 2024 et 5,3% en 2025, soit un peu moins de 40 milliards d’euros. Il y a urgence.

Les explications

La Belgique bénéficie surtout de l’environnement économique international, en amélioration depuis quelques mois. L’activité économique dans la zone euro est notamment en progression depuis le début de l’année. Une progression modeste, mais qui tranche avec la période de 5 trimestres consécutifs au cours de laquelle la zone euro fut en « quasi » récession. Les indicateurs PMI sont corrects : l’indicateur composite est à 52,3, contre 47,6 en 2023 ; l’indicateur des services s’améliore à 53,3 tandis que l’indicateur manufacturier est à 47,3, fragile mais en amélioration, lui aussi. Rappelons qu’un indicateur PMI au-dessus de 50 signifie une perspective de croissance.

Cette perspective positive se traduit également dans la confiance des entreprises, en Belgique et dans les pays voisins. “Depuis février, l’appréciation qu’ont les industriels belges du niveau de leur carnet de commandes étrangères s’est sensiblement améliorée et, récemment, les industriels ont relevé un fort rebond des commandes en provenance de l’étranger”, peut-on lire dans l’étude. Il n’en reste pas moins que la croissance des échanges extérieurs resterait négative en 2024 (-1,4% pour les exportations et -1,7% pour les importations de biens et services), avant de revenir en territoire positif en 2025 (+3,3% pour les exportations et +3,7% pour les importations de biens et services).

La demande intérieure n’est par contre pas du tout mirobolante. Et ce sont les secteurs du commerce et des services aux entreprises qui devraient en être le plus affectés. La consommation des ménages, en particulier, a nettement ralenti au premier trimestre 2024. Et l’augmentation récente de l’inflation va encore freiner la croissance du pouvoir d’achat des ménages. La confiance des ménages a récemment augmenté au-dessus de sa moyenne historique, mais les chercheurs pensent que ce rebond sera de courte durée. Enfin, en ce qui concerne les investissements des entreprises, ils devraient poursuivre leur progression, mais à un rythme nettement moins soutenu qu’en 2023, malgré des conditions financières moins restrictives. Au final, les chercheurs ne voient pas de rebond significatif de la demande intérieure avant 2025.

Credit : Regards économiques / Ires.

Les dangers

Bref, il ressort de cette étude un optimisme prudent. Les économies belge et européenne vont dans la bonne direction, mais ce n’est clairement pas l’euphorie. Sans compter que plusieurs risques pèsent encore sur l’économie. À commencer par les tensions géopolitiques, en Ukraine et au Moyen-Orient, avec un récent regain des prix de l’énergie et en particulier du prix du pétrole. Ces tensions font également peser un risque sur la hausse des prix du transport international.

Qui dit hausse des prix, dit forcément une inflation qui persiste. Et dans ce cas de figure, les banquiers centraux se montreront encore plus prudents qu’ils ne le sont aujourd’hui, en maintenant une politique économique restrictive, retardant les baisses des taux.

Des taux qui restent élevés sont forcément une mauvaise nouvelle pour la capacité des États et des ménages à emprunter. Mais aussi des charges sur la dette plus élevées.

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