Les pays pour lesquels les élections américaines ont le plus d’enjeux

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De Bruxelles à Pékin, en passant par Kiev, Jérusalem, Moscou, Téhéran et Pyongyang, les élections américaines peuvent avoir différents impacts dans différents pays. Quels sont les enjeux ?

Jour J pour la présidentielle des États-Unis : les Américains se rendent aux urnes ce mardi. Des élections qui sont suivies partout dans le monde, car le choix du nouveau locataire de la Maison-Blanche a bien sûr un impact politique et économique sur d’autres pays. Et pour certains encore plus que pour d’autres.

Ukraine – Russie

Comme l’Ukraine et la Russie. Cela fait maintenant plus de deux ans et demi que les chars russes ont roulé sur Kiev et que l’Ukraine défend ses territoires contre l’envahisseur, dans le sud du pays. Et plus de dix ans que Moscou a annexé la Crimée.

Donald Trump, on le sait, pourrait rapidement mettre fin à l’aide militaire à l’Ukraine. Kiev pourrait alors tôt ou tard être contraint à capituler et à céder aux demandes russes. L’Ukraine verrait alors son territoire réduit et son armée limitée. Mais ce n’est pas tout : il pourrait y avoir d’autres cadeaux pour le Kremlin. Les relations entre Trump et le Vladimir Poutine n’étaient pas des plus froides, lorsqu’il était président, alors pourquoi pas revoir l’une ou l’autre sanction, peut-on imaginer.

Kamala Harris, de l’autre côté, a indiqué vouloir continuer l’aide militaire à l’Ukraine, “pendant aussi longtemps que cela prendra”.

Mais il faut aussi prendre en compte les élections législatives, qui ont lieu au même moment. Cela pourrait compliquer l’aide à l’Ukraine, si Harris est présidente mais que la Chambre a une majorité républicaine, par exemple.

Corée du Nord

Ce qui nous mène à un autre ennemi juré des États-Unis : la Corée du Nord. Ses soldats viennent d’être envoyés sur le front en Ukraine, en renforts à la Russie.

Sous le précédent mandat de Trump, les relations s’étaient réchauffées avec Kim Jong-un. Voudra-t-il reprendre ce rapprochement ?

Avec Harris, qui devrait continuer sur la ligne de Biden, il ne faudrait plutôt pas s’attendre à un rapprochement. Surtout depuis l’envoi de troupes en Ukraine.

Chine… et Taiwanl

Un autre pays encore qui observera le décompte des résultats est& la Chine. Pour des raisons économiques et non bellicistes, cette fois. Lors de son dernier mandat, Trump avait déjà augmenté les taxes sur de nombreux biens chinois. Dans sa campagne, il a déjà promis qu’il le fera à nouveau. Ce qui déplairait aux entreprises chinoises qui exportent vers les États-Unis (mais sans doute aussi, in fine, aux consommateurs américains qui devront payer ces importations plus chères).

Harris a été plutôt vague sur le sujet, ce qui laisse penser qu’elle va suivre la politique de Biden si elle est élue. C’est-à-dire plus ou moins garder les taxes (de Trump) en place.

Là où les choses bifurquent de nouveau vers un contexte de tensions, c’est au sujet de Taïwan. La Chine estime que l’île fait partie de son pays, et pourrait tôt ou tard venir la réclamer, manu militari. Les États-Unis, partenaire de Taïwan, se sont voués à protéger l’île. Mais Trump a déjà insinué qu’il réduirait les aides et que Taïwan devrait payer pour la protection. Harris devrait continuer à la défendre.

…et le Mexique

Un Trump plus dur envers la Chine, en matière de droits de douanes et de taxes d’importations, cela pourrait aussi avoir un impact sur le Mexique. Le pays voit le nombre d’entreprises chinoises qui y installent des usines augmenter. Elles comptent ainsi détourner les taxes américaines, car le pays a un accord de libre-échange avec son voisin du nord (ainsi qu’avec le Canada). Trump pourrait donc vouloir serrer la vis et davantage contrôler l’origine de base des produits, qui des fois ne sont qu’assemblés au Mexique. L’administration actuelle a déjà indiqué vouloir prendre le phénomène sous la loupe. Ce qui veut dire que Harris pourrait aussi finir par serrer la vis.

Ce n’est d’ailleurs pas que le Mexique qui est dans le cas. Depuis cette tendance de guéguerre commerciale avec les États-Unis, la Chine exporte ses usines dans de nombreux autres pays, dont le Vietnam par exemple.

Moyen-Orient

Autre conflit armé : Israël versus Gaza et le Liban, et par prolongation l’Iran. Israël a toujours été le protégé des États-Unis, et peu importe le candidat qui remporte l’élection, cela n’est pas près de changer. Mais l’application pourrait être différente. Là où Harris plaide pour la désescalade, Trump pourrait accentuer les tensions. Comme lors de son dernier mandat, lorsqu’il a reconnu Jérusalem et les hauteurs de Golan comme israéliens.

Mais dans tous les cas, les deux semblent opposés à une guerre directe avec l’Iran. Trump est également moins enthousiaste quant à l’envoi de troupes américaines dans la région.

Europe

Last but not least, notre Vieux Continent. Trump président pourrait imposer de nouvelles taxes d’importations aux entreprises européennes. Moins qu’à la Chine, mais quand même. Il pourrait aussi abandonner l’Europe à son sort en cas d’attaque russe, comme il compte déjà le faire avec l’Ukraine.

Biden a temporairement mis en suspens les taxes instaurées lors du dernier mandat de Trump, mais ne les a pas annulées. Il n’est pas certain que Harris présidente veuille les annuler lorsque la date de fin de la mise en suspens arrive, elle non plus.

De nombreux politiciens européens rappellent d’ailleurs que l’UE devrait saisir cette occasion pour davantage se fier à elle-même et devenir plus indépendante et résiliente. “Harris ou Trump ? Certains prétendent que l’avenir de l’Europe dépend des élections américaines, alors qu’il dépend avant tout de nous. À condition que l’Europe grandisse enfin et croit en sa propre force. Quel que soit le résultat, l’ère de la sous-traitance géopolitique est révolue”, commente par exemple Donald Tusk, ancien Président du Conseil européen et actuel Premier ministre de Pologne.

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