Les emmerdes d’Ecolo, la politisation du PS et le suicide de la Vivaldi
Les détachements de collaborateurs chez bpost ou à la SNCB fragilisent les verts. La mainmise du PS sur une entreprise publique révèle une autonomie relative. La Vivaldi semble en mort clinique. Les extrêmes se frottent les mains.
Franchement, cette séquence politique va faire des dégâts. A peine la démission de la secrétaire d’Etat Sarah Schlitz actée, voilà que la Vivaldi fédérale se retrouve dans des eaux bien plus troubles encore. Comme si la culture politique n’avait pas changé, générant son cortège de conflits d’intérêts potentiels, de mainmises politiques et de gestions ne se souciant guère de l’intérêt général.
L’affaire concerna bpost et Petra De Sutter, les révélations concernant le cabinet de Georges Gilkinet, mais aussi la riposte de Groen contre le PS : c’est, littéralement, un jeu de massacre.
Les emmerdes d’Ecolo
Les écologistes sont les premiers dans la tourmente. Le départ forcé de Sarah Schlitz avait illustré, déjà, une forme d’amateurisme militant dans la gestion de la communication et des dossiers, mais aussi la virulence d’une N-VA déterminée à ne rien laisser passer. Voilà désormais les deux vice-Premiers Ecolo et Groen, Petra De Sutter et Georges Gilkinet, embarrassés pour des pratiques dignes de l’ancienne culture politique – pour autant qu’elle ait vraiment changé un jour.
Ecolo-Groen ou l’arroseur arrosé : quand ils étaient dans l’opposition, les écologistes donnaient des leçons à tout le monde au sujet des conflits d’intérêts potentiels dans les cabinets ministériels. On leur rend aujourd’hui la monnaie de leur pièce. Deux collaborateurs détachés de bpost au sein du cabinet De Sutter pour travailler sur les sujets concernant l’entreprise publique, un travailleur de Skeyes chez Gilkinet pour travailleur sur le contrôle aérien et un chauffeur détaché de la SNCB…
Oh, ce sont là des pratiques généralisées et légales, a priori : le Standaard rappelait la semaine dernière que 400 des 800 collaborateurs du gouvernement De Croo sont des « détachés ». Tous n’ont toutefois pas le même statut et l’affaire bpost prend une autre dimension en raison des errements constatés, notamment dans la concession concernant la distribution des journaux et périodiques.
Ecolo-Groen, qui avait depuis toujours promis de « faire de la politique autrement » se retrouve bien mal pris. Petra De Sutter a dû reconnaître : « C’est une mauvaise pratique du passé, je l’ai poursuivie et c’est une erreur. »
La politisation du PS
Ce climat délétère risque bien de tourner en un remake du western Règlements de comptes à OK Corral. Malmenée par les députés à la Chambre, Petra De Sutter élève le débat et dénonce la responsabilité du PS en plus d’un manque de consistance dans l’évolution d’une entreprise publique autonome comme bepost.
La patate chaude est renvoyée. Le PS ne dispose-t-il pas de la présidence du conseil d’administration de bpost ? Le président Paul Magnette n’a-t-il pas tenu des réunions au sein même de l’entreprise ? Le vice-Premier PS Pierre-Yves Dermagne n’est-il pas le ministre de tutelle pour la concession de la distribution des journaux et périodiques ? Les uns et les autres rejettent toute irrégularité et affirment qu’il s’agit là d’une manière de détourner l’attention.
Alors que MR et Ecolo ou N-VA et Groen ne s’épargnaient pas, voilà le duo Ecolo – PS qui se déchire. Et le PS ramené à son omniprésence dans la gestion publique, une mainmise qui ne fut pas dénuée de confusion de patrimoine, au cours du temps.
Marasme démocratique et suicide de la Vivaldi
La première conséquence de cette séquence, le plus fâcheuse, c’est qu’elle donne à nouveau une image catastrophique des pratiques politiques. Y’a-t-il vraiment conflit d’intérêts ou pas ? Au fond, les électeurs ne retiendront que la brume et l’impression de chaos. Ce sont les extrémistes, Vlaams Belang et PTB, qui se frottent les mains sans rien faire.
La deuxième conséquence, c’est un climat de plus en plus tendu au sein de la Vivaldi. Les ruptures de confiance sont de plus en plus nombreuses entre partenaires. Or, le gouvernement De Croo devrait encore atterrir sur la réforme fiscale, la réforme des pensions, les négociations avec Engie… Sera-t-il encore en mesure de donner ce dernier coup de rein, indispensable ?
En 2024, ce sera la Vivaldi ou le chaos, répétait cette semaine la secrétaire d’Etat libérale Alexia Bertrand. On ne saurait mieux dire. Mais alors, au moins, que la Vivaldi se donne la peine d’éviter de s’autodétruire.
Et Alexia Bertrand de préciser: “Nous ne sommes pas mariés à Vivaldi.”
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