Les économistes viennent de Mars, les politiques de Venus

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Retenez bien cette date, habitants de la planète et corpuscules errants de la galaxie : le 24 avril 2022 nous connaîtrons le nom du nouveau président français, à moins que les expériences sur l’antimatière effectuées par mon ami Luigi dans son laboratoire du CERN, sous le Mont Blanc, ne mettent fin prématurément à l’existence de notre planète. C’est l’occasion de prendre régulièrement le pouls économico-politique de cette campagne pour laquelle le président actuel, Emmanuel Macron, n’est toujours pas officiellement candidat (quel suspens !). Aujourd’hui, on se demande où sont passés les économistes ?

Vous les avez vus ? Sont-ils passés par ici ? Repasseront-ils par là ? Mais où sont donc les économistes dans cette campagne présidentielle, s’interroge l’économiste Jean-Paul Betbeze sur le site Atlantico. “(Tous les candidats) parlent de changements énormes sur la façon de fonctionner, de consommer, de produire, d’investir… et en même temps, on ne nous dit pas comment on va les financer, sauf par des impôts, mais on ne nous dit pas lesquels, ni les conséquences”, souligne-t-il.

Dans Le Monde, des experts (en économie) nourrissent le même sentiment. Ils craignent que cette campagne porte “le risque d’un nouveau rendez-vous manqué entre les économistes et les politiques.”

C’est une évidence : un candidat à la présidence va privilégier les thématiques porteuses, des discours sur l’identité, l’immigration, la sécurité, … plutôt que de se lancer dans de longues explications sur la courbe de Phillips ou le coût marginal du kilowatt. L’explication. Les économistes, expliquent ces économistes dans Le Monde, “s’intéressent aux effets d’une mesure fiscale, d’un accord commercial, d’une hausse du salaire minimal sur la croissance et le bien-être collectif, certes en négligeant les inégalités induites. Les politiques privilégient leurs clientèles électorales et les intérêts particuliers qui en découlent.”

Economistes et politique ne vivent pas sur la même planète. Les politiques viennent de Venus. Ils sont dictés par le court terme, portent des intérêts et parfois défendent une vision du monde. Les économistes viennent de Mars. Ils essaient de bâtir des raisonnements sur des phénomènes plus ou moins définis sur le moyen-long terme. Par exemple, les scientifiques du “shift project”, un think tank présidé par Jean-Marc Jancovici (Janco, pour les intimes) viennent de sortir une oeuvre collective (c’est même un livre publié ces jours-ci par Odile Jacob) pour définir un plan de transformation de l’économie française. Ils décrivent par le menu ce qu’il faut pour abaisser de 5% par an les émissions carbone afin d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris.

“Nous avons commencé par raisonner physique, explique Janco, en définissant quinze secteurs qui représentent soit des pans de l’économie, soit des usages, et nous nous demandons ce que doivent faire les gens et avec quelles ressources si on veut que les émissions baissent à la bonne vitesse. Par exemple, si on veut que 20% de la population se déplace en vélo plutôt qu’une voiture, combien de gens faut-il pour fabriquer les vélos, vendre les vélos, réparer les vélos, etc…”

Gérer les ressources dans un but précis, c’est de l’économie. Mais on voit bien qu’il est difficile de transporter les foules d’un meeting en décomptant le nombre de vélos…

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