Les agriculteurs appellent l’UE à durcir les restrictions envers les importations ukrainiennes

Six organisations agricoles ont jugé jeudi insuffisante la proposition de Bruxelles pour mieux contrôler l’afflux de produits ukrainiens dans l’UE, estimant compromise “la viabilité” du secteur et menaçant de nouvelles manifestations si les restrictions ne sont pas drastiquement renforcées.
La Commission européenne a proposé fin janvier de renouveler pour une année supplémentaire, à partir de juin, l’exemption de droits de douane accordée à l’Ukraine depuis le printemps 2022 pour soutenir le pays en guerre. Mais en l’assortissant de “mesures de sauvegarde” pour limiter l’impact des importations. Ainsi, “des mesures correctives” pourraient être adoptées en cas de “perturbations importantes” sur le marché, et pour trois produits (volaille, oeufs, sucre) un “frein d’urgence” stabiliserait les importations aux volumes moyens importés en 2022-2023, au-delà desquels des droits de douane seraient réimposés.
Ce texte, désormais examiné par les Etats membres et eurodéputés, ne satisfait par le Copa-Cogeca (l’organisation réunissant les syndicats agricoles majoritaires de l’UE) et cinq organisations européennes représentant des secteurs-clé (betterave, céréales/oléagineux, volaille, oeufs). “Si le texte proposé reste inchangé, la viabilité économique des secteurs européens de la volaille, des oeufs, du sucre, des céréales et du miel sera menacée”, sous la pression d’une concurrence ukrainienne bon marché, avertissent-ils dans un communiqué commun.
Crise actuelle
Or, le plafonnement proposé pour trois produits correspond à des volumes élevés “qui ont précisément provoqué” la crise actuelle, tandis qu'”aucune restriction n’est prévue (automatiquement) pour les céréales et le miel malgré l’importante capacité de production ukrainienne”, déplorent-ils.
“Malheureusement, le Conseil (les Etats) et le Parlement européen ne semblent pas enclins à agir. Cette approche ne parviendra pas à répondre aux préoccupations des agriculteurs, et entraînera probablement de nouvelles manifestations“, voire de nouveaux “embargos unilatéraux” dans les pays frontaliers, ont-ils mis en garde.
Concurrence jugée déloyale
La concurrence jugée déloyale des importations ukrainiennes faisait partie des principaux motifs de contestation des manifestations agricoles qui ont éclaté à travers l’Europe en janvier. “De nombreux produits agricoles n’atteignent pas les marchés prévus”, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, et restent en Europe, insistent les six organisations.
“Les agriculteurs de Roumanie, Bulgarie, Pologne, Hongrie et Slovaquie vendent actuellement leurs produits à des prix environ 40% inférieurs au prix du marché, à supposer qu’ils puissent les vendre (…) Des milliers d’exploitations sont confrontées à une menace imminente de faillite”, assurent-elles.
Un problème qui “commence à toucher la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Autriche… où les producteurs de céréales, de volaille et de sucre subissent une pression importante” face à des exportations qui “ne répondent pas à nos normes environnementales et sociales” et “plombent les prix”.