L’économie américaine grandit (beaucoup) plus rapidement que celle de l’Europe : comment y remédier ?

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Le PIB américain dépasse aujourd’hui celui de la zone euro de 30%, contre 11% il y a 25 ans. Pourquoi cette différence ? Et qu’est-ce que l’Europe peut faire pour remonter la pente ?

Quelle récession ? C’est ce que peuvent se demander les États-Unis. Dans un contexte d’inflation et de hausses des taux d’intérêt, de nombreux observateurs s’attendaient à un ralentissement de l’économie américaine en 2023. Il n’en était finalement rien, montrent les chiffres publiés à la fin de la semaine passée : le PIB a augmenté de 2,5% sur l’année.

La machine économique de la zone euro, quant à elle, peine à dépasser la première. Voire le point mort. Le taux de croissance est attendu ce mardi. Mais après un premier et un deuxième trimestre à 0,1% et un troisième à -0,1%, il ne faut pas s’attendre à un taux comme de l’autre côté de l’Atlantique.

L’écart se creuse

L’année 2023 ne fera que creuser l’écart entre l’économie des États-Unis et celle de la zone euro. En 1999, lors de l’introduction de l’euro, l’Américaine n’était que 11% plus importante. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, elle pèse 30% de plus. C’est ce que montre un récent rapport d’Allianz Trade.

30%, c’est si on compte une “valeur constante du dollar international”, ou en termes de “parité du pouvoir d’achat”. Mais si on compare avec la valeur actuelle du dollar, la différence est même de 80% et l’économie européenne serait au même niveau qu’en 2009.

La différence se creuse donc aussi en matière de PIB par habitant. Avant la crise financière de 2008, elle était de 27%, contre 35% aujourd’hui (en termes de parité du pouvoir d’achat). Aux Etats-Unis, le PIB/habitant est de 65.000 dollars, contre 45.000 en Europe.

Pour quoi cette différence…

Selon le rapport, cinq éléments notamment permettent d’expliquer la bonne santé de l’économie américaine. Il y a par exemple la dette “énorme” que le gouvernement peut se permettre pour relancer l’économie. Elle est actuellement de plus de 31.000 milliards de dollars, soit plus de 120% du PIB. En Europe, un tel ratio n’est pas un bon signe et serait à proscrire selon les règles de Maastricht (60% maximum). Même si des pays membres, comme la Belgique, dépassent aussi les 100% du PIB.

Ce sont ensuite les prix de l’énergie “nettement inférieurs” et la “disponibilité des matières premières (pétrole, charbon, cuivre, plomb, fer, bois, bauxite et uranium)” qui jouent en la faveur de l’économie européenne. L’Europe est en effet dépendante d’autres pays et doit importer bon nombre de ces matières.

Autres arguments de Washington : “une base domestique solide pour l’industrie de haute technologie et les innovations (brevets)” et “un climat d’investissement attractif”. Là où en Europe c’est un festival de réglementations “ridicules” et de tracas bureaucratiques aux effets désastreux, commente Johan Geeroms, Director Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade.

… et comment y remédier ?

Voilà pour les symptômes. Mais quels sont les médicaments pour guérir la maladie, docteur ? Dans son rapport, d’ailleurs intitulé “Europe needs to step up its game” (“l’Europe doit intensifier ses efforts”), Allianz suggère aussi des pistes pour remettre l’Europe en selle et la lancer à la poursuite de l’échappée américaine : “réduire les tracas bureaucratiques et la surenchère réglementaire, établir des règles fiscales claires et plus simples, renforcer le marché des capitaux et le climat d’investissement et assurer un soutien puissant à la transition verte.”

Sur ce dernier point justement, le rapport souligne que l’Europe a une longueur d’avance sur les États-Unis. Les émissions de CO2 beaucoup moins élevées. Pour le commerce de produits verts, l’Europe fait aussi beaucoup mieux : les exportations allemandes, à elles seules, sont déjà plus élevées que celles des États-Unis. Exemple édifiant : pour le premier parc éolien offshore de la côte ouest, ce sont uniquement des entreprises européennes qui vont être fournisseurs. Bref, ce segment serait donc l’atout gagnant de l’Europe pour rattraper son retard, du moins en partie. Surtout si la transition vers le net-zéro est accélérée.

Reste à voir si la volonté de changer la donne et les réglementations en question y est – là, Geeroms se montre plutôt pessimiste.

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