Le politique perd la confiance de la Wallonie
La confiance des Wallons envers la classe politique est en chute (presque) libre… La faute en partie aux crises à répétitions que la Wallonie, et le pays tout entier, a traversé ces dernières années. Néanmoins, cette méfiance envers le politique ne remet en rien le modèle démocratique, comme le souligne le dernier « Baromètre social de la Wallonie », publié ce lundi par l’IWEPS.
Crise de confiance envers le politique
L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) a publié lundi les résultats de son enquête « Baromètre social de la Wallonie » (BSW). Des résultats qui montrent clairement une fracture de la confiance des Wallons envers le politique, que cela soit envers les institutions politiques, les hommes et femmes politiques ou encore les partis.
Institutions | 2018 | 2023 |
Etat belge | 71% | 39% |
Région wallonne | 69% | 35% |
Commission européenne | 57% | 37% |
Hommes et femmes politiques | 36,60% | 19% |
Partis politiques | 32% | 22% |
Cette crise de confiance envers le politique se retrouve dans de nombreuses démocraties européennes et de par le monde. En cette année électorale, cette situation est plutôt préoccupante car ce désaveu pourrait faire la place belle aux partis plus extrêmes qu’ils soient de droite ou de gauche. Mais en Wallonie, ce désaveu ne s’accompagne d’aucune remise en question du modèle démocratique. De même, il ne s’accompagne pas du souhait d’un leadership fort et autoritaire.
En revanche, la confiance est restée relativement élevée concernant l’Etat social. Et si cette confiance baisse néanmoins quelque peu, une majorité des Wallons accordent toujours leur confiance à la police ou la justice.
Transparence et de participation aux décisions
Si on cherche un coupable à cette crise de confiance et aux critiques envers la classe politique, on peut sans aucun doute pointer du doigt les crises à répétition, que nous avons connues ces dernières années. Si ces crises ont engendré de la méfiance, elles ont aussi semé un fort désir de changement dans le cœur des Wallons et ce afin d’améliorer la manière dont les décisions politiques sont prises.
Ainsi les résultat de ce Baromètre soulignent bien que ce c’est « le fonctionnement du système politique qui est remis en question et non le système démocratique lui-même ». Alors comment le monde politique pourrait regagner quelques pour cent de confiance ? En faisant montre de plus de transparence.
Cette transparence, c’est une demande croissante de la population wallonne, qui souhaite être plus impliquée dans les décisions politiques à prendre. De plus, aux yeux de bon nombre d’entre eux, les consultations citoyennes, que ce soit par référendum (même si on le sait, le référendum décisionnel n’est pas permis par la Constitution belge, ndlr) ou par délibération, pourraient également améliorer la manière dont les décisions politiques sont prises.
La transition écologique c’est important !
La Wallonie juge la transition écologique comme importante, enfin c’est une préoccupation importante pour ses concitoyens.
En effet, sur 9 enjeux sur lesquels il leur a été demandé de se prononcer, tous apparaissent comme importants :
– « Davantage informer la population sur les enjeux en cours » : 89% de la population trouve cela important,
– « Moins dépendre des pays extérieurs pour subvenir à nos besoins » : 87%)
– « Faire en sorte que l’économie belge ne soit pas plus impactée que celle de ses voisins européens » : 84%
La transition écologique et les enjeux qui l’accompagnent apparaissent donc globalement comme très importants aux yeux de la population. Par contre quand il s’agit des impacts (positifs et négatifs) de cette transition écologique, les avis se nuancent et ne sont plus aussi unanimes.
Parmi les domaines où la transition écologique est susceptible d’apporter des améliorations :
– 48,1 % des personnes interrogées pensent qu’elle va améliorer la qualité de vie contre 41,8 % qui pensent le contraire,
– 46,2 % pensent que la transition va permettre de créer de nouveaux emplois contre 32 % qui pensent le contraire.
Quant aux potentiels impacts négatifs de cette transition :
– 57,7 % des personnes interrogées pensent que l’économie wallonne va être impactée négativement (contre 25,9 %)
– 67,0 % pensent que le pouvoir d’achat va être impacté négativement (contre 16,3 % qui pensent le contraire).
Economie et inégalités sociales
Finalement, ce qui préoccupe les Wallons, ce sont les inégalités sociales et l’état de l’économie de la région. Une grande majorité des répondants (67%) se dit insatisfaite de l’économie belge (contre 33 % de satisfaits) et 82 % d’insatisfaits de l’économie wallonne (contre 18 % de satisfaits).
Et par de là l’économie, ce sont les inégalités sociales qui retiennent leur attention. Des résultats interpellants, si on en juge par les réponses à la question « Selon vous, en Belgique, comment est l’écart de revenu entre les personnes les plus riches et les plus pauvres ? ». Ils sont 92 % à juger cet écart « élevé » à « très élevé ». Ensuite, à la question de savoir si, selon elles, cet écart a augmenté ou diminué au cours des 10 dernières années, 88 % jugent que ces inégalités ont augmenté.
Paradoxalement, quand il s’agit de leur situation personnelle, les personnes interrogées ont plutôt tendance à se percevoir comme avantagées par rapport aux autres. Ainsi quand on demande à ces personnes :
– « si de façon générale elles se sentent désavantagées par rapport à ce que d’autres ont » : 42 % ne sont « pas d’accord », 36 % sont « ni d’accord ni pas d’accord » et seulement 22 % sont « d’accord », – « si lorsqu’elles comparent ce qu’elles ont avec d’autres, elles réalisent qu’elles sont plutôt bien » : 53 % répondent d’accord, 30 % répondent « ni d’accord, ni pas d’accord » et 17 % répondent « pas d’accord ».
En conclusion, environ 20 % de la population se sent directement impactée par ces inégalités sociales dans leur quotidien.
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