Le match Engagés-MR pour attirer les entrepreneurs

Maxime Prévot et George-Louis Bouchez: entre centre-droit et droite “populaire”. © BELGAIMAGE
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les Engagés poursuivent leur révolution avec des candidats venus de la société civile et des déçus du MR. Le monde des décideurs économiques est au cœur de leur stratégie. Une lutte inégale.

“Le MR n’a pas le monopole de l’entrepreneuriat.” Avec ses mots, Maxime Prévot dévoile ses intentions, qui sont claires: Les Engagés veulent se relancer en visant le centre-droit et en tentant d’attirer les déçus du libéralisme social, inquiets de la ligne “droite populaire” initiée par le président du MR, Georges-Louis Bouchez. L’arrivée sur ses listes d’Olivier de Wasseige, ex-CEO de l’Union wallonne des entreprises (UWE), et de l’ex-députée MR Lyseline Louvigny est un nouveau signal en ce sens. Comparatif subjectif des deux adversaires.

Force de frappe: avantage MR

Lors des dernières élections fédérales, le MR a engrangé 512.825 voix à la Chambre fédérale, contre à peine 250.861 voix pour Les Engagés. Plus du double. Les deux partis sont en perte de vitesse mais la dégringolade est plus forte au sein de l’ancien cdH. A titre de comparaison, le MR séduisait 630.219 électeurs en 1999 contre 365.318 voix pour son homologue humaniste. Les Engagés ont opté pour l’opposition en 2019 afin d’entamer un chantier fondateur: c’était une question de survie. Lors des derniers sondages, le MR s’était stabilisé autour des 20% et était plus fort à Bruxelles (où le parti est dans l’opposition) alors que Les Engagés sont repassés au-dessus des 10% en Wallonie mais restent en situation critique dans la capitale.

Profil droitier: avantage MR

L’analyse des données de 2019 à la sortie des urnes en Wallonie, résumée par Pascal Delwit (ULB), illustre à quel point le cdH est devenu un parti… de gauche. C’est le fruit de l’impulsion donnée durant 12 ans par Joëlle Milquet. Les électeurs donnant la priorité à un agenda socioéconomique de droite (diminuer les impôts et limiter les allocations de chômage dans le temps, est-il précisé) sont 23,8% au MR, contre à peine 12,7% au cdH d’alors, qui se retrouvait… derrière le PS et Ecolo. DéFI est à 16,3%. Les électeurs de sensibilité de gauche étaient 32,9% au cdH. Maxime Prévot veut recréer un espace au centre-droit, mais l’électeur ne préférera-t-il pas l’original à la copie?

Capacité de renouveau: avantage Engagés

Le MR et Les Engagés n’ont eu de cesse de changer de peau au cours de leur histoire. Il fut même question de les fusionner, notamment sous l’égide de Louis Michel et Gérard Deprez, début 2000. L’ancien parti libéral est devenu PRL, puis a eu des noms à rallonge suite à la fédération avec le FDF, puis le MCC, avant de devenir MR. L’ancien PSC a abandonné l’étiquette chrétienne pour devenir humaniste (cdH), puis Les Engagés suite à une opération joliment intitulée “Il fera beau demain”. Ces derniers mois, avec le changement de ligne et les arrivées d’entrepreneurs, Les Engagés tiennent la corde. Le MR, lui, s’est contenté de redonner à son logo le bleu royal du PRL.

Présidence: match nul

Georges-Louis Bouchez, président du MR, agace la gauche, comme ce fut le cas pour ses prédécesseurs, singulièrement Jean Gol, Didier Reynders et Charles Michel. Son omniprésence et son ton tranché inquiètent et l’isolent. Mais à l’heure de la polarisation, cela séduit aussi de nouveaux profils avec un message de “droite populaire” visant à couper l’herbe sous le pied de l’antipolitisme. Un pari. Maxime Prévot a longtemps joué la réserve: pas de réseau social et une communication rare, avant de tenir des discours plus tranchés ces derniers mois. L’un comme l’autre feront face à un test majeur le 9 juin 2024. Aux électeurs, et aux entrepreneurs, de trancher.

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