Le handicap salarial belge atteint 5,1%

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Le handicap salarial de la Belgique par rapport à ses voisins atteint désormais 5,1% selon le rapport technique du Conseil central de l’Economie (CCE) paru sur le site de l’institution.

Depuis 1996, l’augmentation des salaires en Belgique est de 5,1% supérieure à celle de l’Allemagne, de la France et des Pays-Bas, rapporte Le Soir jeudi.

En deux ans, l’handicap salarial par rapport aux pays voisins s’est encore aggravé selon le rapport, passant de 4,2% à 5,1%. Selon le CCE, cette augmentation peut s’expliquer par la répétition des chocs pétroliers d’une part, et par l’importante politique de modération salariale menée en Allemagne d’autre part.

Le gouvernement a décidé un gel des salaires pour deux ans, hors indexation et hausses barémiques, mais cette mesure ne semble pas suffisante pour diminuer le handicap salarial. La publication de ce rapport est généralement annoncée via une conférence de presse mais cette année, aucune publicité n’en a été faite. “Son caractère sensible aurait pu perturber les pénibles négociations sociales en cours”, rapporte Le Soir.

“Il faut comparer des pommes et des pommes”

Les salaires restent le moteur de l’économie, a indiqué jeudi Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB. La responsable du syndicat socialiste met en garde contre une comparaison trop incomplète et réductrice des salaires en Belgique avec les pays voisins. Actuellement, le Conseil Central de l’Economie estime que les salaires en Belgique sont supérieurs de plus de 5% à ceux des pays voisins.

“Il faut comparer des pommes et des pommes”, affirme Mme Demelenne. “La politique de modération salariale en Allemagne reste problématique. Des petits emplois destinés à réinsérer les chômeurs, sont proposés à des conditions salariales très basses”, ajoute-t-elle.

Par ailleurs, si on décompte les subventions salariales et les subsides sociaux accordés aux entreprises, l’écart salarial avec nos pays voisins se réduit considérablement, selon la responsable FGTB.

Pour elle, les salaires en Belgique ne constituent pas un problème. “On ne sera jamais compétitif avec des pays qui ont des salaires dix fois moins élevés”, souligne-t-elle. Le mal des entreprises belges trouve plutôt son origine, selon elle, dans les carences en formation, en innovation et en recherche et développement. Trop peu d’entreprises se consacrent en outre à la fabrication de produits finis.

De son côté, le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) estime qu’il est nécessaire de combler cet écart salarial avec les Pays-Bas, la France ou l’Allemagne, avant tout en adoptant un gel des salaires pendant deux ans et une réforme de l’index. “Ces deux mesures ne suffiront pas pour effacer complètement le handicap avec les pays voisins d’ici 2018, qui est pourtant l’objectif du gouvernement”, avertit le SNI.

Le Syndicat propose pour ce faire une réduction structurelle des charges salariales, plus particulièrement à l’égard des PME et des indépendants.

“Les mesures du gouvernement absolument indispensables”, selon la FEB Les mesures adoptées par le gouvernement en novembre en matière de modération salariale, de réforme de l’index et de réduction de charges pour éviter que notre compétitivité se détériore plus avant sont absolument indispensables, estime pour sa part la Fédération des entreprises de Belgique (FEB).

“Ce handicap s’ajoute à celui qui existait déjà avant 1996 : selon Eurostat, notre handicap total en termes de coûts salariaux s’élève aujourd’hui à plus de 20%”, selon l’organisation patronale. “La FEB et ses secteurs insistent une nouvelle fois pour que le gouvernement veille à un ancrage juridique rapide de ses décisions sur le gel des salaires, de manière à mettre un terme définitif à un éventuel manque de clarté entourant leur mise en oeuvre”, ajoute Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB.

De son côté, Claude Rolin, secrétaire général de la CSC, déplore que ces chiffres du Conseil central de l’Economie ne fassent que relancer une “salve d’attaques contre l’index”. “Les chiffres du rapport concernant le handicap en matière de formation (45,3%) ou le handicap en matière d’innovation (35%) passeront rapidement au second plan. Pourtant, tout le monde s’accorde à dire que la formation et l’innovation sont très importantes pour notre compétitivité”, souligne le responsable du syndicat chrétien.

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