Le duel Macron-Le Pen sur un champ de ruine
Le premier tour des élections présidentielles est passé, de grosses larmes ont coulé dans les états-majors des partis traditionnels, laminés électoralement, mais aussi financièrement.
Pourquoi cet appel aux dons lancés par le candidat de EELV (Europe Écologie Les Verts) Yannick Jadot quelques minutes après la fin du scrutin ? Pourquoi ce lundi Valérie Pécresse (Les Républicains) a fait de même ?
Parce que ces partis sont proches du dépôt de bilan. Selon les informations de France Télévisions, EELV a emprunté plus de 7 millions d’euros. S’il peut financer une partie, “il a cinq semaines pour trouver 2 millions d’euros”, selon un responsable du parti.
Même situation chez Valérie Pécresse : il y a un trou de 7 millions dans les caisses du parti !
En fait, cet appel en catastrophe aux donateurs s’explique par la règle des 5% qui trace une frontière implacable entre les candidats qui ont récolté plus de 5% des suffrages et les autres.
Les candidats qui comme Jean-Luc Mélenchon (22%) ou Éric Zemmour (7%) ont obtenu plus de 5% des suffrages bénéficient d’un remboursement forfaitaire de leurs frais de campagne de 8 millions d’euros. Pour les autres, c’est dix fois moins, soit 800.000 euros. Et c’est le cas de Yannick Jadot (qui a récolté 4,6%), mais aussi de Valérie Pécresse (LR, avec 4,8%) ou Anne Hidalgo (PS, avec 1,8%). À côté de la Bérézina électorale, la Bérézina financière est tout aussi douloureuse pour ces partis traditionnels qui avaient l’habitude de ne pas trop se préoccuper du financement de leur campagne, pensant être assurés d’avoir au moins 5% des voix.
Programmes impayables ?
Si l’on veut continuer de parler gros sous, l’autre sujet est le financement des programmes des deux candidats restants. L’Institut Montaigne, think tank libéral, a passé des nuits à éplucher les centaines de propositions des divers candidats pour en calculer l’impact budgétaire. Le programme de Marine Le Pen couterait 102 milliards d’euros aux contribuables français. Celui d’Emmanuel Macron 44 milliards.
Du côté d’Emmanuel Macron, “la majeure partie de l’effort budgétaire se concentrera sur l’éducation (12 milliards), la transition écologique (10 milliards) et la santé (8 milliards)”, note Les Échos.
Du côté de Marine Le Pen, une série de mesures pourraient faire très mal aux finances publiques. Il y a d’abord la promesse d’abaisser la TVA de 20 à 5,5% pour les carburants, le fioul, le gaz et l’électricité, plus la baisse de la TVA sur une centaine de produits de base. On ne va pas s’étendre sur la faisabilité politique de ces mesures, la TVA étant une taxe sur laquelle la Commission européenne a un droit de regard. Mais on ajoutera que Marine Le Pen prône aussi un renforcement des allocations familiales, une exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans et une exonération des cotisations patronales sur les hausses de salaire de 10 % jusqu’à trois fois le salaire minimum.
Côté recette, l’Institut Montaigne tique aussi sur les 15 milliards d’euros que la candidate RN veut gagner dans la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, et sur une renégociation du budget européen qui devrait ramener 5 milliards dans les caisses françaises. Très difficile à faire, selon l’institut Montaigne, qui dézingue : le programme de Marine le Pen est “pratiquement irréalisable en l’état. Des abandons de mesures devront être envisagés afin de ne pas mettre en risque la soutenabilité des dépenses publiques et la souveraineté du pays”. Entendez, avec la candidate RN, il y a fort à parier que la France soit mise sous tutelle européenne.
L’Institut Montaigne est moins cassant, mais reste sévère avec les propositions d’Emmanuel Macron. Son programme ne serait “réalisable que sous la contrainte de fortes mesures d’économie”.
Ces commentaires valent, évidemment, dans le seul cas où les candidats réalisent leurs promesses. Que disait encore l’ancien Président Jacques Chirac ? Ah oui : “les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent”.
Elysée moi
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