En Belgique, l’e-commerce explose, les soins de santé et la nature trinquent: on danse au bord du volcan

Le smartphone, fâte permanente devenue obligatoire. (Lance McMillan/Toronto Star via Getty Images)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Jamais les Belges n’ont autant dépensé en ligne. Mais ils reportent leurs dépenses de santé. Et la loi sur la restauration de la nature? Elle est un obstacle. Quel drôle d’air du temps.

En cette période de campagne électorale, bien trop morne, avec quelque 10% des Belges qui envisagent de ne pas voter, il y a des actualités qui se télescopent. Et qui donnent l’étrange sentiment que nous sommes en train de danser au bord d’un volcan.

L’e-commerce explose

Ainsi apprend-on que les Belges n’ont jamais autant dépensé en e-commerce. C’est facile, du bonheur en un simple clic et sans embouteillages: nous sommes tous devenus des adeptes de ce confort, avec une habitude virtuelle renforcée par la période de Covid.

L’an dernier, les consommateurs belges ont donc acheté pour 16,3 milliards d’euros en ligne, un montant en hausse de 11 % par rapport à 2022. C’est ce que révèle le rapport annuel de Becom, la fédération belge de l’e-commerce. La progression est particulièrement notable dans les services, comme les voyages organisés et les billets d’avion (+20 %).

Petit bémol pour notre économie: nous n’y sommes… pas assez représentés. « Le Belge est de plus en plus friand de plateformes commerciales, les fameuses market places. Or les commerçants belges y sont souvent sous-représentés. Résultat : une partie de la croissance des ventes en ligne dans notre pays profite surtout aux acteurs étrangers. Les commerçants belges devraient être plus actifs sur ces plateformes », explique Greet Dekocker de Becom.

Les soins de santé délaissés

Ce même mercredi, une étude de Solidaris constate que près d’un Belge sur deux reporte des dépenses de soins de santé. Ce sont des économies quand les temps sont durs, précise le journal Le Soir. Les femmes seules et les seniors sont les plus concernés par ces renoncements forcés. Un constat remarquable, qui témoigne de la dualisation croissante de notre société.

Les gens ont d’autres préoccupations que les soins de santé dans leur vie, ils ont d’autres besoins financiers, souligne Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris. Raison pour laquelle nous préconisons d’abord et avant tout de lever les obstacles financiers aux soins de base, notamment quand il s’agit du généraliste.”

C’est “un choix politique”, insiste-t-il. C’est aussi, parfois, un choix de vie à l’heure où les smartphones à plus de 1000 euros sont devenus obligatoires pour vivre “normalement”.

La nature attaquée

Dans ce tableau, on relève encore que la loi européenne sur la restauration de la nature est attaquée par la Belgique. Le Premier ministre libéral flamand, Alexander De Croo, serait à la manoeuvre. C’est conforme à son discours des derniers mois: tout doit être fait pour décarboner l’économie, le reste des contraintes environnementales doivent être freinées, notamment celles visant à préserver la biodiversité.

Quel est ce monde dans lequel nous vivons… Nous consommons frénétiquement, alors que l’on ne se soucie guère des autres espèces en voie de disparition. Et en toile de fond, les débats publics sur les chaînes d’information en continu résonnent des rumeurs de guerre.

Oui, nous dansons au bord d’un volcan.

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