L’Argentine disposée à faire la paix avec ses créanciers

Mauricio Macri © AFP

Dirigée depuis deux mois par un président libéral, Mauricio Macri, l’Argentine change de ton face aux “fonds vautours” américains, auxquels elle souhaite rembourser sa dette, illustrant la volonté de réconciliation avec les marchés de la troisième économie d’Amérique latine.

Alors que son prédécesseur, Mme Cristina Kirchner (2007-2015), avait toujours refusé de négocier avec les fonds spéculatifs, des discussions ont débuté il y a une semaine à New York avec ces créanciers. Et vendredi, Buenos Aires a fait un grand pas en offrant de payer 6,5 milliards de dollars.

Le passif étant évalué à neuf milliards, “la proposition implique une décote d’environ 25%”, a précisé le ministère argentin des Finances.

C’est “sans aucun doute un moment historique pour l’Argentine”, commente Edward Glossop, analyste de Capital Economics, dans une note. “C’est le premier accord officiel que le gouvernement présente aux fonds, et c’est une étape significative dans son effort pour revenir sur les marchés de capitaux”, ajoute-t-il, rappelant que, “tant qu’un accord n’est pas trouvé, le gouvernement ne peut pas émettre de dette extérieure, ce qui veut dire que son accès aux capitaux étrangers est très limité”.

Mais “il y a encore un certain nombre d’obstacles à franchir”, observe-t-il. Plusieurs conditions doivent en effet être remplies : l’offre doit être approuvée par le Congrès (Parlement) argentin, le juge new-yorkais Tomas Griesa, chargé du dossier… mais aussi – et surtout – par l’ensemble des fonds, seuls deux sur six ayant pour l’instant donné leur accord.

En interne, Mauricio Macri, faute de majorité absolue, devra livrer une bataille politique pour trouver les 40 voix manquantes chez les députés et faire adopter la proposition.

Suppression des taxes sur les céréales, fin du contrôle des changes : aux commandes depuis le 10 décembre, Mauricio Macri, a multiplié les mesures pour libéraliser l’économie de son pays, répondant aux attentes des milieux d’affaires, mais suscitant déjà des manifestations.

En faisant du règlement du conflit sur la dette une priorité, son objectif est de tourner enfin la page de la crise économique de 2001/2002, qui avait plongé l’Argentine dans la faillite.

Si ce pays avait persuadé 93% de ses créanciers d’accepter une décote de 70%, il n’avait en revanche jamais réussi à convaincre les 7% restants, qui avaient saisi la justice américaine.

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