L’agriculture, nouveau terrain d’affrontement entre Ecolo et le MR

David Clarinval (MR) et Georges Gilkinet (Ecolo) - Getty Images
Baptiste Lambert

Qui servira de bouc émissaire à la crise agricole ? Il y a un match entre les écologistes et les libéraux qui s’accusent mutuellement.

Entre Ecolo et le MR, on ne prend plus la peine de mettre des gants. La crise agricole sert de parfait prétexte pour afficher ses différences. Les écologistes accusent les libéraux de tenir un « double discours », qui diffère selon que l’on se trouve à Namur ou à Bruxelles.

Dans une interview accordée à La Libre, le vice-premier ministre Georges Gilkinet (Ecolo) n’y va pas de main morte : « Cela fait 20 ans que l’agriculture est à la charge des conservateurs, notamment via le MR. » L’écologiste ne voit qu’un coupable : « Il y a globalement un discours du MR qui pointe du doigt des vérités alternatives, des bullshit. Mais les agriculteurs ne sont pas dupes », tente-t-il de se convaincre.

Du côté du MR, David Clarinval, en charge de l’Agriculture au niveau fédéral, a lui aussi décoché sa flèche, dans Sud Info, dimanche dernier : « Chaque fois que je veux prendre des décisions au niveau du gouvernement, je suis bloqué par les Ecolos. Je suis dans un gouvernement de coalition et, quand j’ai voulu porter le message des agriculteurs, j’ai été barré par les Ecolos », expliquait le vice-premier ministre MR.

Le Mercosur, un thème de campagne électorale ?

Beaucoup d’agriculteurs pointent du doigt des normes environnementales trop contraignantes et les écologistes sont ici clairement visés. Mais l’autre grande opposition du monde rural tourne autour du Mercosur, cet accord de libre-échange entre l’UE et plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont le Brésil et l’Argentine, pas vraiment connus pour leurs normes environnementales strictes. L’Allemagne pousse en faveur de la ratification de l’accord. La France, également sous pression des agriculteurs, s’y oppose.

La position belge est, comme toujours, complexe. Le nord, économie exportatrice, vote logiquement pour, le sud (et Bruxelles) vote désormais contre et le fédéral hésite. Georges Gilkinet a lancé le débat avec grand fracas au dernier échelon : le Mercosur, c’est non, « il faut arrêter les négociations ». Il met ainsi la pression sur les libéraux, soulignant leur double langage et pointant certains paradoxes.

Comment des libéraux peuvent-ils justifier des barrières protectionnistes contraires à leur doctrine ? Pour David Clarinval, il faut trouver un juste milieu : « Les derniers conflits nous ont montré l’importance d’avoir une autonomie alimentaire et énergétique. Ce n’est pas du protectionnisme (…). Il faut garantir que les produits qui viennent de l’étranger respectent les mêmes normes. Cela s’appelle les clauses miroirs », a ajouté le vice-premier ministre dans son interview. En d’autres termes, il faut amender le Mercosur, pas le supprimer. Une position qui reste difficile à défendre quand le Premier ministre, un libéral flamand, a forcément une oreille attentive pour le nord du pays.

Que ce soit sur les normes environnementales ou le Mercosur, MR et Ecolo ont des munitions pour s’accuser mutuellement. Il reste à voir combien de temps la crise agricole restera dans la mémoire des électeurs.

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