La zone euro ouvre le robinet à oxygène, la Grèce respire

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L’avenir de la Grèce au sein de la zone euro s’éclaircit grandement. L’aide de 34 milliards d’euros débloquée jeudi par la zone euro devrait permettre au pays de faire face à ses échéances à court et moyen terme. D’autant qu’une partie de sa dette va être effacée.

« La Grèce s’est relevée. Les sacrifices du peuple grec n’ont pas été vains. Aujourd’hui est un jour nouveau pour la Grèce, il s’agit même d’un jour nouveau pour l’Europe ». Le Premier ministre grec Antonis Samaras a salué jeudi l’accord trouvé par la zone euro pour débloquer une aide gelée depuis des mois. Soit une manne de 34,3 milliards d’euros qui permettra au pays de couvrir les dépenses de l’Etat (16 milliards), de recapitaliser ses banques (11,3 milliards) mais aussi de racheter une trentaine de milliards d’euros de sa propre dette (7 milliards).

Les pays de la zone euro avait en effet fixé une condition pour verser cette somme: que la Grèce convainque ses créanciers de lui revendre ses propres obligations à prix cassé afin qu’elle puisse effacer la dette correspondante et rendre ainsi soutenable ses remboursements dans les années à venir. Ce qui a été parfaitement réussi. « La zone euro salue le résultat de cette opération, qui permettra de nettement réduire la dette publique grecque. En prenant en compte les mesures annoncées le 27 novembre et l’application du programme d’ajustement budgétaire, la dette grecque devrait être ramenée à 124% du PIB en 2020 », indique le communiqué de l’eurogroupe.

Au terme de leur réunion, les ministres des Finances de la zone euro n’ont pas exclu de « prendre des mesures supplémentaires, si nécessaire, pour atteindre avec certitude cet objectif » qui avait été décidé fin novembre, en concertation avec le Fonds monétaire international (FMI), un des créanciers publics de la Grèce.

Une aide totale de 49 milliards

Au final, la zone euro va débloquer 49,1 milliards d’euros en faveur de la Grèce d’ici fin mars, dont 34,3 milliards qui seront versés « dès la semaine prochaine », a indiqué Jean-Claude Juncker, le Président de l’Eurogroup, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
Les sommes restantes (14,8 milliards d’euros au total) seront versées au premier trimestre en plusieurs fois et serviront à couvrir les besoins de recapitalisation des banques grecques et les dépenses d’Etat, « en fonction de la mise en place de certaines mesures et leur approbation par la troïka », qui rassemble les principaux bailleurs de fonds de la Grèce.

« C’est une étape très importante, qui montre que le programme pour la Grèce est un programme crédible, que son financement est crédible », a estimé le ministre français des Finances, Pierre Moscovici. « Les Européens ont montré leur capacité et leur volonté à tourner la page de la crise. Et aujourd’hui, à la fin de cette année 2012, l’existence de l’euro n’est plus en doute. La volonté des Européens de trouver une solution à la crise est manifeste. Nous nous en donnons les moyens », a-t-il ajouté.

Les dirigeants européens se pencheront dans l’après-midi lors d’un sommet qui débute à 17h00 sur les propositions pour approfondir l’Union économique et monétaire et renforcer l’intégration européenne, en se fondant sur un rapport rédigé sous la houlette de Herman Van Rompuy, le président de l’UE.

« Le contribuable belge pas sollicité »

Les ministres des Finances de la zone euro ont donné jeudi leur accord au déblocage d’un prêt de 34,3 milliards d’euros en faveur de la Grèce via le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Ce Fonds bénéfice de la garantie des Etats, dont celle de la Belgique à hauteur de 3,72%, et se finance sur les marchés financiers. « A priori, le contribuable belge ne sera pas sollicité », a expliqué Philippe Ledent, économiste chez ING. « L’exposition de la Belgique à ce nouveau prêt est indirecte, contrairement au tout premier prêt à la Grèce qui était bilatéral et direct » a détaillé M. Ledent. « Concrètement, notre pays ne déboursera rien. C’est le Fonds européen qui proposera des obligations sur les marchés financiers et s’adressa aux assureurs, aux fonds d’investissements, … ». Le contribuable belge ne devrait donc, a priori, pas mettre la main au portefeuille. « Sauf si la Grèce devait faire défaut, de manière généralisée », a encore souligné M. Ledent. Si un tel scénario se réalisait, outre les 1,9 milliard d’euros du premier prêt bilatéral, la Belgique devrait aussi financer 2,8 milliards du prêt consenti par le FESF début 2012 et 2,6 milliards d’engagements supplémentaires, dont fait partie la quote-part belge pour le prêt européen accordé ce jeudi à la Grèce.

Trends.be avec L’Expansion

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