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La vraie cause des pénuries

Lire la chronique de Thierry Afschrift Professeur ordinaire à l'Université libre de Bruxelles.

L’Etat a largement montré qu’il n’est capable que d’aggraver les choses et que les méthodes autoritaires, en économie comme en politique, aboutissent toujours à des désastres.

Dans les pays occidentaux, nous avons l’habitude d’avoir accès à pratiquement toutes les marchandises dont nous avons besoin, pour des prix relativement stables, à tout moment. L’abondance des ressources disponibles est sans doute une des choses qui attirent le plus ceux qui veulent immigrer ici et qui viennent de pays autoritaires, communistes comme le Venezuela, ou simplement dictatoriaux comme nombre de tyrannies africaines, les uns et les autres ayant en commun l’extrême pauvreté.

Mais, depuis quelques mois, par-ci, par-là, des pénuries, certes d’une gravité assez modeste, sont constatées pour certains produits. Il n’y a pas péril en la demeure même si, peut-être, quelques décorations de Noël n’arriveront pas à temps.

Dans certains cas, comme la pénurie de carburant au Royaume-Uni, c’est très directement la mauvaise gestion des gouvernants qui est en cause. Que Boris Johnson installe le Brexit conformément à la volonté des électeurs, c’est une chose qui peut se comprendre. Qu’il le fasse en empêchant les chauffeurs routiers étrangers de travailler au Royaume-Uni, c’est beaucoup moins explicable. Il s’agit d’une mesure nationaliste qui, aujourd’hui, rend compliqué l’accès des Britanniques aux carburants et à d’autres marchandises. Les autres pénuries trouvent, pour la plupart, leur cause dans le fait que les chaînes de distribution ont été sérieusement mises à mal par les mesures gouvernementales “covid” qui ont bloqué la plupart des activités pendant de nombreux mois.

L’Etat a largement montré qu’il n’est capable que d’aggraver les choses et que les méthodes autoritaires, en économie comme en politique, aboutissent toujours à des désastres.

Certains incriminent le “système capitaliste”. Celui-ci serait “défaillant” parce qu’aujourd’hui, quelques catégories de biens sont plus difficilement disponibles. Ce sont les mêmes qui réclamaient la relocalisation de la production des masques, au printemps 2020. Il est vrai que ces produits sont subitement devenus indispensables et que l’industrie ne peut, du jour au lendemain fournir à tout le monde des produits qui, jusque-là, n’étaient demandés que par des professions bien déterminées, comme les chirurgiens. Mais on a vu que même dans ces circonstances, les masques sont arrivés en nombre sur le marché dès que les Etats ont cessé de vouloir en réglementer la distribution.

C’est la même chose qui se passe aujourd’hui pour les chaînes de production et de distribution. Elles ont été gravement altérées par les mesures gouvernementales et ont besoin de quelques semaines pour être relancées. La faute en incombe aux mesures extrêmes prises par les gouvernements, interdisant le travail un peu partout, bloquant l’économie. Les pénuries modérées que nous connaissons sont la conséquence de ces mesures-là et la faute en incombe exclusivement aux gouvernements.

Le “système” capitaliste n’est pas en cause. D’abord parce qu’il n’est pas “un système”, mais une organisation libre qui se structure d’elle-même. Ensuite, parce que c’est son arrêt obligé qui a entraîné les dysfonctionnements que l’on connaît.

Dans de telles circonstances, la dernière chose à faire est de solliciter ou d’accepter une intervention quelconque de l’Etat. Celui-ci a largement montré qu’il n’est capable que d’aggraver les choses et que les méthodes autoritaires, en économie comme en politique, aboutissent toujours à des désastres. C’est au contraire une bonne leçon à retenir, alors que différents Etats s’apprêtent à réglementer encore davantage la vie économique, sous prétexte du réchauffement climatique. C’est par exemple le cas de la Chine qui, tout en augmentant de manière très sensible sa production de charbon, réduit de manière obligatoire l’usage de l’électricité dans certaines usines, contraintes à fermer, au moins temporairement, ce qui se ressent dans le monde entier.

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