La suppression des pièces de 1 et 2 centimes: flop ou top?

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La suppression des pièces de 1 et 2 centimes a du plomb dans l’aile, suite au “niet” de la grande distribution.

La disparition envisagée des pièces de 1 et de 2 centimes d’euro va-t-elle déboucher sur un flop magistral ? On peut se poser la question après que le secteur de la grande distribution a fait part de son intention de ne pas arrondir le montant total des tickets de caisse.

Le refus fait suite à l’accord trouvé au sein du gouvernement sur un scénario d’extinction progressive des petites pièces de 1 et 2 centimes d’euro, permettant aux commerçants de procéder à un “arrondissement symétrique” des montants à payer. C’est-à-dire que les commerçants qui le souhaitent (le système fonctionne sur base volontaire) peuvent arrondir le total du ticket de caisse (pas les prix individuels dans les rayons) au plus proche multiple de 5 centimes, tantôt à la hausse (pour les montants se terminant par 3, 4, 8 ou 9 centimes), tantôt à la baisse (pour les montants se terminant par 1, 2, 6, 7 centimes).

En clair, un ticket de caisse de 90,02 euros pourra être arrondi à 90 euros ; celui de 90,96 euros ramené à 90,95 euros ; celui de 90,94 euros arrondi à 90,95 euros ; tandis que celui de 99,98 euros pourra être porté à 100 euros, par exemple.

Deux tickets Seul hic, cette possibilité d’arrondir le ticket de caisse ne vaut pas pour les paiements électroniques. Elle ne concerne que les paiements en cash. Voulue, dit-on, in extremis par le PS, la distinction ne plaît guère à la fédération du commerce et des services (Comeos). Elle craint un manque à gagner pour le secteur de l’ordre d’un million et demi d’euros par an. D’où le refus de ses membres de l’appliquer.

Motif ? En fonction du montant total du ticket de caisse, le consommateur peut choisir le mode de paiement qui lui est le plus favorable. En effet, un client à la caisse d’un supermarché devant payer 50,02 euros peut opter pour un paiement en espèces, histoire d’économiser deux centimes. En revanche, si le montant total est de 49,98 euros, il sera plus avantageux pour lui de sortir sa carte de banque, le montant ne pouvant dans ce cas être arrondi à la hausse.

Bref, “cela veut dire que les commerçants doivent prévoir deux systèmes de caisses différents avec deux totaux différents, indique Peter Vandenberghe, porte-parole de Comeos. C’est une perte de temps et d’argent. Nous sommes favorables à l’extinction des pièces de 1 et 2 centimes, mais pas dans les conditions actuelles. Il faut en revenir au scénario d’extinction de départ, sur lequel s’étaient entendues la plupart des parties prenantes (Unizo, UCM, Comeos, Febelfin, BNB, etc.), et qui prévoyait la possibilité d’arrondir le ticket de caisse quel que soit le mode de paiement”.

Déjà adopté en commission des Finances, le projet de loi concocté par le ministre des Finances Koen Geens (CD&V) sera toutefois prochainement examiné par le Parlement. Sera-t-il approuvé tel quel ou pas ? Affaire à suivre…

Sébastien Buron

1,5 MILLION D’EUROS Ce serait le manque à gagner pour la grande distribution, dans le cas d’une suppression des pièces de 1 et 2 centimes selon le schéma proposé.

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