La limitation des allocations de chômage à deux ans est-elle encore de trop ?

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Baptiste Lambert

Alors que la coalition Arizona, au fédéral, s’apprête à vivre une journée décisive ce mardi, les 5 partenaires autour de la table, ne sont, à priori, pas contraire à limiter les allocations de chômage à deux ans. Une étude de l’UGent tend toutefois à montrer que cette limitation est trop tardive. En tout cas si on se place du côté de l’employeur.

“Deux ans, c’est trop tard”, estime Stijn Baert, économiste du travail bien connu au nord du pays. Avec ses collègues Liam D’hert et Louis Lippens de l’UGent, ils ont analysé pas moins de 28 études internationales couvrant un total de 67.000 candidatures.

Les résultats sont assez frappants : les demandeurs d’emploi qui sont au chômage depuis plus d’un an ont, en moyenne, 21 % de chances en moins d’être embauchés. Et cette proportion diminue encore au-delà d’un an. La conclusion est ici moins surprenante : plus vous restez au longtemps au chômage, moins vous avez de chances de retrouver un emploi. Mais il ressort un autre détail important : un demandeur d’emploi qui reste au chômage pendant moins de 6 mois a plus de chances d’être embauché qu’une personne déjà active dans le monde du travail.

Un employeur peut être dissuadé par la durée du préavis d’une personne active, alors que le chômeur ne possède pas cette contrainte. Mais au-delà d’une certaine période, le chômeur de longue durée peut être perçu comme moins motivé, moins productif et moins compétent. Surtout dans le cadre d’un marché de l’emploi tendu : ne pas trouver un job est perçu comme un manque de volonté. C’est vrai en Flandre, mais aussi au sud du pays, avec une longue liste des métiers en pénurie. À l’inverse, en cas de crise économique ou de ralentissement, les employeurs sont plus tolérants vis-à-vis d’une longue période de chômage.

Donner plus, mais de manière plus dégressive

L’analyse des trois chercheurs tombe à pic, alors que le préformateur, Bart De Wever (N-VA), discute avec 4 partenaires : le MR, les Engagés, le cd&v et Vooruit. Ce mardi est une journée décisive : les socialistes flamands, les plus hésitants à embarquer, doivent donner leur feu vert à l’ouverture d’une négociation. Le président de la N-VA est attendu au rapport chez le roi, ce mercredi.

Dans le programme des 5 formations politiques, on retrouve une limitation des allocations de chômage à des degrés divers. Une période de deux ans est souvent évoquée. Le MR le conditionne au refus de deux métiers en pénurie. Les Engagés assortissent leur mesure à l’obligation d’accepter un emploi, dans le secteur public, ou, au mieux, dans le privé.

Stijn Baert estime qu’intervenir après deux ans est déjà trop tard. “Il est crucial que les chômeurs postulent pour un nouvel emploi le plus rapidement possible, de préférence au cours des six premiers mois”, commente l’économiste dans De Tijd et le Standaard. Le spécialiste du travail plaide pour une allocation de chômage plus importante, mais qui commencerait déjà à décroitre après 3 mois, puis 6 mois. Un système qui prévaut d’ailleurs dans la plupart des pays voisins.

La dégressivité des allocations de chômage est déjà en place depuis le gouvernement Di Rupo. Le gouvernement Michel a discuté pour aller pus loin, mais cela ne s’est finalement pas concrétisé. Il reste que les allocations de chômage ne sont pas limitées dans le temps en Belgique.

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