La FEB estime que des handicaps structurels freinent la relance des entreprises belges
Deux fois par an, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) mène une enquête auprès de ses fédérations sectorielles pour évaluer la situation économique du pays. La dernière enquête, réalisée en mai, révèle une légère amélioration de la conjoncture économique belge, marquée par une reprise timide de l’économie européenne. Cependant, les entreprises belges peinent à tirer pleinement parti de cette reprise en raison de divers handicaps structurels.
Des signes de reprise inégale
Selon l’enquête semestrielle de la FEB, une légère amélioration a été observée ces derniers mois, notamment dans le secteur des services, où une hausse d’activité a été signalée au cours des six derniers mois. Toutefois, l’industrie belge continue de souffrir, avec plus de la moitié des secteurs industriels rapportant une baisse d’activité.
Cette amélioration dans les services est principalement due à la baisse des prix du gaz et de l’électricité, qui a entraîné une diminution de l’inflation dans la zone euro à moins de 2,5 %. Cette baisse de l’inflation a permis à la Banque centrale européenne (BCE) de réduire son taux directeur de 25 points de base en juin, ouvrant la voie à un assouplissement monétaire susceptible de stimuler la reprise européenne.
Des handicaps structurels persistants
Malgré ce contexte favorable, les entreprises belges se heurtent à des obstacles structurels qui freinent leur potentiel de croissance. Le coût de l’énergie et les coûts salariaux élevés constituent les principaux handicaps.
Le coût de l’énergie
Bien que les prix du gaz aient considérablement baissé en Europe, ils restent presque trois fois plus élevés qu’aux États-Unis. De plus, le prix de l’électricité pour les entreprises belges est nettement plus élevé qu’en France et légèrement plus élevé qu’aux Pays-Bas et en Allemagne, en raison de taxes et de redevances de réseau plus élevées. Une étude de Deloitte en 2023 révèle que les prix de l’électricité en Flandre et en Wallonie sont environ 20 % supérieurs à la moyenne des trois pays voisins.
Les coûts salariaux
Les coûts salariaux constituent un autre obstacle majeur. Les indexations salariales automatiques significatives de 2022 et début 2023 (+14 %) ont aggravé ce handicap, passant de 9,8 % en 2021 à 13,1 % en 2023, selon les chiffres du Conseil central de l’économie (CCE). Ces coûts accrus pèsent lourdement sur la compétitivité des entreprises belges, surtout dans les secteurs de l’industrie et du commerce, qui doivent faire face à une forte concurrence internationale et numérique.
Conséquences et perspectives
Ces handicaps se traduisent par des restructurations, des faillites et des délocalisations d’entreprises telles que Ontex, Beaulieu, Milcobel, Esprit, Decathlon, et FedEx. Les investissements directs étrangers vers la Belgique ont également diminué ces dernières années, entraînant un quasi-arrêt de la croissance de l’emploi dans le secteur privé, particulièrement dans l’industrie.
De plus, le système de sécurité sociale belge n’incite pas suffisamment les gens à réintégrer le marché du travail. Cette situation est illustrée par le taux d’activité des réfugiés ukrainiens en Belgique (28 % des 18-65 ans) comparé à celui aux Pays-Bas (55 % des 15-65 ans) un an après leur arrivée.
Un appel à la réforme
Pour surmonter ces défis, il est crucial que de nouveaux gouvernements soient rapidement formés et qu’ils s’attaquent efficacement aux handicaps structurels identifiés. Une réforme rapide et efficace pourrait renforcer le potentiel de croissance de l’économie belge et améliorer considérablement le taux d’emploi. Cela est également essentiel pour réduire le déficit public du pays.
Pieter Timmermans, CEO de la FEB, souligne l’importance d’une politique de réforme économique forte à tous les niveaux : « Lors des élections du 9 juin dernier, les électeurs de Flandre, de Bruxelles et de Wallonie ont envoyé un signal clair : une politique de réforme économique forte est nécessaire à tous les niveaux. Il faut donc espérer que les responsables politiques lanceront eux-mêmes ce programme de réformes ambitieux, plutôt que d’attendre que la Commission européenne ou les marchés financiers obligent notre pays à le faire. »
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