La Belgique envoie des quantités massives de gaz en Allemagne
L’Allemagne s’empresse de trouver du gaz ailleurs dans le monde, car l’approvisionnement en provenance de Russie est de plus en plus compromis. En quelques mois, la Belgique est devenue l’une des principales voies d’approvisionnement, avec une part de marché de 20 %. “En juin, le débit a atteint un record”, confirme le gestionnaire d’infrastructure Fluxys.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Allemagne veut diminuer rapidement de sa dépendance au gaz russe. “Les importations de gaz en provenance de Russie doivent être réduites à zéro – pour toujours”, a clairement indiqué la ministre fédérale des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (Verts). Cette dépendance devrait être terminée d’ici la fin de l’année 2024. De 55 % de part de marché en 2020, la part du gaz russe s’était déjà réduite à un quart début juillet. C’est une chute très importante, mais c’est principalement la faute du président russe Poutine. Début juin, par exemple, l’Allemagne recevait encore la moitié de son gaz naturel de Russie. Mais le gazoduc Nord Stream I, d’une importance cruciale, ne fonctionne qu’à 40 % de sa capacité maximale depuis la mi-juin. En juillet, elle a même été fermée pendant dix jours pour la maintenance annuelle. On craignait que la vanne ne reste définitivement fermée, mais depuis le 21 juillet, le pipeline coule à nouveau à 40 %. Au début de cette semaine, le volume a de nouveau été réduit à 20 %. Nord Stream I fournissait auparavant les trois quarts de l’approvisionnement en gaz russe à l’Allemagne.
Depuis le 23 juin, l’Allemagne se trouve dans la deuxième phase d’alerte la plus élevée en matière d’approvisionnement en gaz. Les Allemands sont engagés dans une course contre la montre pour que les réservoirs de gaz soient suffisamment remplis d’ici l’hiver. Le ministre fédéral de l’Économie et de l’Environnement Robert Habeck (Verts) souhaite que les réservoirs soient remplis à 95 % d’ici début novembre. Le lundi 25 juillet, les réservoirs étaient remplis à 66 %, ce qui est nettement plus élevé à cette époque de l’année que les années précédentes. L’Allemagne achète du gaz en masse depuis des mois, partout dans le monde. La facture s’élève déjà à 15 milliards d’euros, et ce n’est pas fini.
Record de la Belgique
Depuis quelques mois, il y a un gigantesque changement dans les flux de gaz. Avant la guerre, ces flux se faisaient principalement d’est en ouest. Aujourd’hui, l’Allemagne cherche principalement du gaz en Belgique, aux Pays-Bas et en Norvège. L’approvisionnement en gaz de la Belgique a augmenté de façon exponentielle. Cette information est confirmée par Ulrike Platz, porte-parole de l’opérateur de réseau allemand Bundesnetzagentur. “Ces derniers mois, nous avons reçu beaucoup de gaz via les terminaux GNL de Rotterdam et de Zeebrugge. L’année dernière, en juin, 0,2 térawattheure de gaz a transité par les gazoducs belges vers l’Allemagne. Cette année, elle a atteint 24 térawattheures au cours du même mois. Pour autant que nous le sachions, cela ne pose aucun problème pour le réseau de pipelines belge”, rapporte Ulrike Platz.
La Belgique est ainsi rapidement devenue l’un des principaux fournisseurs de gaz de notre principal partenaire commercial, avec une part de marché d’environ un cinquième. La Belgique n’est pas le producteur, mais joue le rôle de pays de transit pour le gaz naturel. “Le réseau Fluxys est parfaitement capable de gérer ces flux de gaz”, déclare Laurent Remy, porte-parole. “D’énormes volumes de gaz passent par la Belgique, en partie pour la consommation intérieure et en partie comme gaz de transit vers l’Allemagne et les Pays-Bas.”
Transport moins cher
L’augmentation des flux de gaz pourrait avoir un impact sur les prix du transport dans les années à venir. “Les activités de transport de Fluxys sont réglementées, c’est-à-dire soumises à la surveillance du régulateur fédéral CREG”, explique Laurent Remy. “Les recettes qui dépassent les estimations sont placées sur un compte de régularisation. Si les montants dépassent le rendement autorisé, ils sont pris en compte pour la fixation des tarifs de la prochaine période de régulation (2024-2027). Les capacités supplémentaires réservées par nos clients cette année auront donc un impact favorable sur les tarifs futurs. En revanche, les tarifs à partir de 2024 ne seront soumis à l’approbation de la CREG qu’au milieu de l’année prochaine, sur la base de paramètres qui ne sont pas encore connus aujourd’hui”.
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