La Belgique en route vers “le pire déficit d’Europe occidentale”

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

À l’approche des élections du 9 juin, Bloomberg dépeint une situation financière alarmante pour la Belgique. Le pays serait en route vers “le pire déficit d’Europe occidentale”. De quoi provoquer une instabilité économique à plus long terme?

La Belgique est « entravée par un système politique en proie à des dysfonctionnements et dépense au-delà de ses moyens, ce qui la met sur la voie d’un endettement toujours plus important. Et les élections du 9 juin n’y changeront probablement rien… » Dans sa description de l’état des finances belges, le média Bloomberg ne prend pas de pincettes.

Il faut dire, les chiffres actuels sont loin d’être encourageants. La dette publique de la Belgique, exprimée en pourcentage du PIB, dépasse déjà 100%, selon le Fonds monétaire international. Ce ratio augmentera même de 10 points de pourcentage d’ici 2029. Le Bureau du Plan confirme: « en l’absence de nouvelles mesures de consolidation budgétaire, la dette publique passerait de 106% du PIB en 2024 à 117% en 2029 ».

Et des déficits annuels projetés de l’ordre de 4 à 5% – soit au-delà du seuil de 3% prévu par l’UE – n’arrangeront pas la situation. La Belgique pourrait bientôt être le troisième pays le plus endetté de la zone euro, après la Grèce et l’Italie.

Un système politique défaillant

Cette situation, on la doit notamment à une système politique instable: tensions politiques, polarisation Nord-Sud… Difficile de former un gouvernement qui met tout le monde d’accord. Au total, sur la dernière décennie, les Belges ont passé plus de trois ans cumulés sans gouvernement de plein exercice.

Durant la crise politique de 2007-2008, la Belgique avait déjà dû attendre 194 jours pour que soit formé un nouveau gouvernement, issu des élections de juin 2007. Rebelote en 2010-2011: les partis peinent à former des coalitions, la Belgique entre alors dans une grave crise institutionnelle et politique qui durera 589 jours. Et enfin, en 2019, le plat pays bat son propre record: il faut attendre 653 jours de délai pour voir se former un gouvernement – la Vivaldi – et élire un Premier ministre – le libéral flamand Alexander de Croo.

“Les tensions persistantes ont torpillé les réformes, y compris les projets sur la fiscalité abandonnés l’année dernière”, ajoute le média. “Toutes les aspirations à rétablir ses finances publiques ont disparu dans le cadre de compromis inhérents à un système politique fragile”.

Dégradation de la note souveraine

Les finances publiques sont au cœur des élections, assurent les politiques. Une déclaration qui ne convainc pas le monde économique. “Si vous regardez le programme électoral des différents partis politiques, vous verrez que personne ne parle vraiment de solutions pour réduire le budget”, a récemment déclaré l’économiste de la banque belge ING, Peter Vanden Houte.

À cela s’ajoutent les pressions budgétaires croissantes, notamment concernant la Défense. “Bien qu’elle accueille le siège de l’OTAN, la Belgique n’a consacré que 1,1% de son PIB à la défense en 2023, soit le deuxième niveau le plus bas de l’alliance – et loin du niveau de 2% visé par les membres”, précise Bloomberg.

Bref, cette incapacité à maîtriser la dette publique pourrait nuire à la crédibilité financière de la Belgique sur les marchés internationaux, avec un risque croissant de dégradation potentielle de la note souveraine.

Malgré tous ces signaux d’alarme, les investisseurs ne semblent pas inquiets, pour l’instant… “Il incombe donc à l’UE de pousser ses membres à redresser leurs finances publiques. La capacité du système politique belge à inverser la trajectoire de ses finances publiques constituera un test clé pour les nouvelles règles de l’UE dans les années à venir”, conclut Bloomberg.

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