Grève générale: mobilisation syndicale jugée “réussie” et ire du patronat

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Transports en commun, aéroports, entreprises, hôpitaux, prisons… comme prévu, la Belgique tourne au ralenti mercredi, en raison d’une grève interprofessionnelle à l’appel des deux plus grands syndicats du pays, la CSC et la FGTB. Les conséquences et l’ampleur de la mobilisation varient toutefois en fonction des secteurs et des régions.

Dès les premières heures de la grève, le président de la FGTB a estimé que la mobilisation était “réussie”. Thierry Bodson a rappelé les principales revendications syndicales: un plafonnement des prix de l’énergie en Belgique, à l’instar de ce qui se fait en France et en Allemagne, des mesures en faveur du pouvoir d’achat et une révision de la loi sur la formation des salaires qui, dans le contexte d’inflation galopante actuel, ne permet plus de négocier de norme salariale au niveau interprofessionnel.

Les actions syndicales sont particulièrement visibles dans les transports. Sur le rail, la SNCB a mis en place un plan de transport alternatif. Entre les grandes villes, un tiers des trains IC circulent et un quart des trains S (de banlieue) et L (locaux) roulent. La plupart des trains P, qui roulent normalement aux heures de pointe du matin et du soir, ont été supprimés. Mais la situation est plus difficile au sud du pays. Dans une grande partie des provinces de Namur et du Luxembourg, ainsi que dans une partie du Brabant wallon, les trains ne circulent pas du tout en raison du manque de personnel au poste d’aiguillage de Namur.

Dans toute la Wallonie, le réseau Tec est fortement perturbé, à l’image du Tec Charleroi où la circulation des bus et métros est à l’arrêt, et de la zone de Liège-Verviers, où une majorité de lignes est l’arrêt.

Dans la capitale, une seule ligne de métro était exploitée mercredi, alors que la circulation des trams et des bus de la Stib est également perturbée.

La grève interprofessionnelle n’épargne pas les aéroports. Si Brussels Airport fait état d’une situation “relativement calme”, l’aéroport a été contraint d’annuler préventivement 223 vols, soit 60% des vols prévus ce mercredi. A l’aéroport de Charleroi, second du pays en termes de passagers, tous les vols commerciaux prévus mercredi ont été annulés, soit 120 vols commerciaux au départ et à l’arrivée concernant 20.000 passagers. A l’aéroport de Liège, plaque tournante pour le transport de fret, les accès sont complètement bloqués. Des piquets de grève bloquent les ronds-points à proximité, tout comme l’accès au terminal et aux différents bâtiments des entreprises qui y sont actives.

Chez bpost, un tiers des bureaux de poste sont fermés. Avec le personnel présent, l’entreprise traite en priorité les recommandés et les colis, au détriment de la distribution du courrier normal. L’entreprise espère cependant résorber dans les prochains jours le retard pris dans la distribution du courrier.

La situation dans les hôpitaux n’est pas non plus celle d’un jour de semaine normal. La CNE avait prévenu qu’environ deux tiers des hôpitaux privés en Wallonie et à Bruxelles tourneraient au ralenti ce mercredi. Les urgences et les traitements indispensables seront bien entendu assurés, mais de nombreux rendez-vous et opérations non-urgentes ont été reportés.

Des gardiens de prison sont également en grève, ce qui contraint la police à suppléer dans plusieurs établissements pénitentiaires.

Dans les entreprises, les conséquences sont variables mais la grève a mis à l’arrêt une entreprise sur six dans le secteur de la fabrication de produits technologiques, selon la fédération sectorielle Agoria. Et dans quatre entreprises manufacturières sur 10, la moitié ou plus du personnel est absent.

Les travailleurs dans les ports ont répondu massivement à la grève, mettant à l’arrêt le chargement et déchargement des conteneurs. A Gand, l’usine Volvo Cars, l’une des plus grosses entreprises du pays avec près de 7.000 travailleurs, était à l’arrêt mercredi matin, faute de bras.

Initiative inhabituelle pour une grève à l’appel des syndicats, des petits commerçants, notamment liégeois, ont décidé de venir manifester à Bruxelles. “Employés, ouvriers, entreprises, patrons, … on est tous dans le même bateau”, a estimé Jean-Luc Vasseur, président de l’ASBL Commerce liégeois. “On a les mêmes soucis que tout le monde.”

Cette journée de grève provoque toutefois l’incompréhension voire l’ire des grandes organisations patronales, à l’image de l’Union wallonne des entreprises (Uwe), pour qui les sociétés, “victimes elles aussi de la crise énergétique”, sont “des cibles illégitimes de la grève”, et de son pendant flamand, le Voka, pour qui “les actions nuisent à l’économie et mettent en danger le pouvoir d’achat de demain”.

Le Premier ministre Alexander De Croo souligne pour sa part que son gouvernement a déjà pris “toute une série de mesures exceptionnelles” en faveur du pouvoir d’achat. Il appelle aussi les Belges à “faire bloc” plutôt que d’attiser les clivages et les divisions.

Au-delà des mesures qui ont été prises, la Belgique est dotée d’un mécanisme d’indexation automatique des salaires, rappelle le Premier ministre. “Un système unique qui protège, comme nulle part ailleurs, les Belges contre la perte de pouvoir d’achat due à l’inflation.”

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