Grégoire Dupuis, CEO de Sambrinvest: “On peut rationaliser le paysage des invests, mais…”
Le patron de Sambrinvest est favorable à l’intention du nouveau gouvernement wallon, mais insiste pour que cela s’inscrive dans une rationalisation plus large. “Réduire le nombre d’invests, cela ne doit pas être une fin en soi”, nous dit-il.
Grégoire Dupuis, CEO de Sambrinvest, voit d’un œil positif la possibilité de rationaliser le paysage du soutien aux entreprises, pour autant que cela s’inscrive dans une rationalisation plus large. Il nous explique pourquoi.
TRENDS-TENDANCES. Quel est votre sentiment à l’égard de cette volonté du gouvernement wallon?
GRéGOIRE DUPUIS. J’attendais cette déclaration de politique régionale avec beaucoup d’impatience, quel que soit le résultat des élections. J’y retrouve la notion de rationalisation, qui était importante à mes yeux. Je suis ravi que cela s’intègre dans un schéma de rationalisation plus large parce c’est ce que je défends depuis le début : si on ne se préoccupait que des invests, ce serait un coup d’épée dans l’eau.
Une rationalisation plus large, c’est-à-dire?
Au niveau de toutes les structures et de la dynamique. Je pense, par exemple, aux structures d’accompagnement ou à une réflexion sur l’offre de produits. Aujourd’hui, on présente aux entreprises une palette de solutions extrêmement large: est-ce pertinent ? Quand je discute avec des entrepreneurs, ils me disent chercher, au-delà du financement, de la rapidité, de l’efficacité dans toutes les procédures administratives comme les permis ou les liquidations d’aides. Cela doit être un effort global, et je le lis dans la DPR.
“On ne peut pas avancer sur un sujet si on n’avance pas sur un autre. Il faut questionner le portrait global.”
Vous êtes donc positif?
C’est de bon augure. Mais il faut mener cet exercice de façon coordonnée: on ne peut pas avancer sur un sujet si on n’avance pas sur un autre. Il faut questionner le portrait global, en amenant progressivement la question des invests sur la table. En sachant que nous avons un rôle extrêmement important sur le terrain. On ne peut pas faire de raccourci en disant que Wallonie Entreprendre fait ce que Sambrinvest fait, ce n’est pas vrai. Nous sommes complémentaires et non concurrents. Nous sommes un acteur de proximité important: nous avons une augmentation de notre activité de 10% cette année alors que nous nous sommes recentrés sur certains secteurs. Nous amenons des solutions aux entreprises pour structurer leurs dossiers. En réalité, le nom d’Invest n’est peut-être plus le bon.
Il est dépassé?
Il ne correspond en tout cas plus totalement à ce que nous faisons. De même, l’appellation Sambrinvest est dépassée parce que nous sommes actifs sur tout Charleroi Métropole et pas uniquement le bassin de la Sambre.
Serait-il opportun d’avoir un nombre restreint d’Invests?
Il y a un élément qu’il faut garder à l’esprit, c’est que les invests sont des sociétés privées, avec leurs organes de gouvernance propres qui sont les seuls légitimes pour ce type de décision.
Au niveau de la rationalisation, il y a sans doute quelque chose à faire au niveau du nombre, oui. La logique territoriale matérialisée par la barrière actuelle du code postal ne correspond plus à notre réalité: une de nos forces en tant qu’acteur de terrain, c’est de mettre en relation nos sociétés avec d’autres pour tisser des partenariats, ce qui impose parfois de dépasser notre code postal. Le découpage actuel n’a plus beaucoup de sens par rapport aux thématiques que nous portons : la biotech, l’industrie, les matériaux…
Nous restons, en outre, une petite structure et nous avons une expertise de plus en plus pointue. Massifier permettrait de mutualiser l’expertise: avoir trois très bons juristes plutôt qu’un dans chaque invest, par exemple.
Une rationalisation ne diminuera pas le nombre de personnes sur le terrain, nous en avons besoin, cela se voit par notre volume d’activités. La question centrale, c’est de savoir si en réduisant le nombre d’invests, en opérant différemment, on aura plus d’impact. Réduire le nombre d’invests n’est pas une fin en soi.
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