Grèce: un troisième plan de sauvetage chiffré entre 82 et 86 milliards d’euros

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Le texte final de l’accord ne prévoit pas de sortie temporaire de la Grèce de la monnaie unique. Les points les plus difficiles de la réunion ont porté sur les privatisations.

La note de l’Eurogroupe évoquait dans un premier temps la possibilité d’un fonds de garantie des privatisations grecques externalisé au Luxembourg, sur proposition de l’Allemagne. Il sera finalement basé “en Grèce” et “géré par la Grèce”, a indiqué lundi le Premier ministre français Manuel Valls qui a insisté sur le “respect de la souveraineté” de la Grèce.

Les points les plus difficiles de la réunion ont porté sur les privatisations. “L’idée est simple, vous vendez, vous avez du cash”, souligne lundi Roland Gillet, économiste et professeur de finances à la Sorbonne et à l’ULB (Solvay).

La Grèce rejetait l’idée de créer, hors du pays, un fonds regroupant des actifs grecs à hauteur de 50 milliards d’euros pour garantir les privatisations promises. Pour l’économiste Roland Gillet, cela équivalait à “une mise sous tutelle de l’argent par l’Europe, pour qu’elle soit sûre que la Grèce n’en fait pas ce qu’elle veut”. Mais la proposition s’inscrivait également dans “la rupture de confiance” avec la Grèce.

“Pas très crédible”

Alexis Tsipras a finalement cédé, mais il a obtenu que ce fonds soit installé à Athènes. Interrogé lundi matin à ce propos sur France Inter, Valls a répondu: “aujourd’hui ce fonds, si j’en crois les dernières informations que nous avons de cette nuit – et encore une fois je suis prudent -, serait en Grèce, géré par les Grecs”, sous la supervision des institutions européennes.

Le professeur Roland Gillet ajoute que Tispras “n’a rien gagné” avec le référendum. “Il y a une semaine, on ne parlait ni de Grexit temporaire, ni de privatisations pour 50 milliards d’euros. (…) Il veut le non, il l’obtient, puis revient avec un plan qui reprend quasi à l’unanimité les éléments proposés par les créanciers” et rejetés par le peuple grec, ce qui ne paraît pas “très crédible”.

L’accord final prévoit que parmi les 50 milliards d’euros, 25 seront destinés à la recapitalisation des banques grecques. Ensuite, 12,5 milliards serviront au désendettement et 12,5 milliards pour des investissements.

Les créanciers veulent aussi la privatisation du réseau de transport électrique (ADMIE), et exigent une “modernisation” et un “examen rigoureux” du marché du travail afin d'”aligner les politiques de l’emploi sur les standards internationaux et européens”.

La Grèce doit “rationaliser le système de TVA et élargir sa base pour augmenter ses revenus”, “améliorer la soutenabilité du système de retraites”, “assurer l’indépendance de l’institut statistique ELSTAT”, “mettre en place une Autorité fiscale indépendante et un mécanisme de réduction automatique des dépenses en cas de ratage des objectifs budgétaires”, résume l’AFP. Pour le 22 juillet, le pays doit aussi réformer son système judiciaire.

“Le plus difficile sera à présent de faire voter au Parlement grec des réformes encore plus dures que celles évoquées avant le référendum”, conclut Roland Gillet.

Le plan de sauvetage, troisième pour la Grèce depuis 2010, est chiffré entre 82 et 86 milliards d’euros. Le texte final ne prévoit pas non plus de sortie temporaire de la Grèce de la monnaie unique.

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